Aïd al-Adha, été et plan annuel: Le ministre de l’Hydraulique fait le point
Alors que l’Aïd al-Adha coïncide une nouvelle fois avec le lancement de la saison estivale, le ministre de l’Hydraulique, Taha Derbal, s’est exprimé pour rassurer les Algériens. Entre plan d’urgence pour les jours de fête, gestion des pics de consommation estivale et vision stratégique à long terme, il a présenté un état des lieux des efforts menés par l’État en matière d’accès à l’eau.
Dans un entretien accordé à la chaîne de télévision privée Echourouk News, le ministre a rappelé que l’Aïd al-Adha constitue la journée la plus consommatrice en eau de l’année. Il a précisé que des millions d’Algériens utilisent simultanément cette ressource vitale entre 6h et 10h du matin, une période particulièrement sensible en raison du rituel du sacrifice. Pour faire face à cette surcharge, un dispositif spécial a été mis en place. Les horaires de distribution ont été révisés pour privilégier les créneaux matinaux, tandis que des équipes de permanence ont été mobilisées sur l’ensemble du territoire afin d’intervenir rapidement en cas d’incident technique. Parallèlement, le ministère a renforcé l’approvisionnement en eau en augmentant le débit de plusieurs barrages. À titre d’exemple, le barrage de Koudiat Acerdoun a vu sa capacité journalière passer de 90 000 m³ à 120 000 m³, soit une hausse de 30 000 m³, garantissant ainsi une couverture plus fiable des wilayas desservies par ce réseau. « L’objectif est que chaque citoyen puisse disposer de l’eau au moment opportun, afin que la fête soit pleinement vécue », a affirmé Taha Derbal.
La saison estivale représente un second pic critique de consommation. Chaque été, des millions de vacanciers et de membres de la diaspora affluent vers les régions côtières, exerçant une pression accrue sur les réseaux. « L’été est la période la plus exigeante pour les services hydrauliques », a expliqué le ministre, précisant que cette situation avait été anticipée depuis plusieurs mois. Le ministère a adapté ses capacités de stockage, renforcé les interconnexions entre barrages et ajusté quotidiennement les débits pour répondre à la demande. « Nous avons des moyennes de consommation estivales distinctes du reste de l’année, que nous intégrons dans notre planification », a-t-il souligné.
La station de dessalement de Tamda (Tizi Ouzou) opérationnelle début 2026
Parmi les grands axes de la politique actuelle figure le recours massif au dessalement de l’eau de mer, présenté comme une réponse directe aux effets du changement climatique et à la baisse des précipitations. Depuis février 2024, quatre nouvelles stations ont été mises en service à Oran, Cap Djinet, Fouka et KoudiatDrouch, pour une capacité cumulée de 300 000 m³ par jour. Ces infrastructures desservent non seulement les grandes villes, mais aussi leurs périphéries : Tipaza, Alger, Mostaganem, Tlemcen, Annaba, Skikda, Guelma, entre autres. « Ces stations assurent non seulement l’approvisionnement direct, mais elles libèrent aussi des ressources pour d’autres wilayas en réduisant la pression sur les anciens réseaux », a précisé le ministre. D’autres projets sont en cours, dont la station de Béjaïa, presque achevée, et celle de Tamda, à Tizi-Ouzou, qui devrait être opérationnelle au premier trimestre 2026. À cela s’ajoute un mégaprojet de 300 000 m³/jour, porté par le ministère de l’Énergie.
Face à la raréfaction des ressources conventionnelles, le ministère mise également sur la réutilisation des eaux usées traitées, notamment dans le secteur agricole. TahaDerbal a confirmé le lancement d’un programme national de réhabilitation des stations d’épuration, visant leur raccordement aux périmètres agricoles. Certaines zones pilotes sont déjà opérationnelles, comme le périmètre de Mélita (Oran) avec 6 000 hectares, ou celui de Hanaïa (Tlemcen). « Nous considérons les eaux usées traitées comme une véritable richesse », a déclaré le ministre, ajoutant : « Grâce à une réglementation stricte et des analyses en laboratoire, la santé du citoyen est pleinement protégée ».
Les barrages enregistrent un taux de remplissage de 41,5 %, en légère hausse sur un an
Les récentes précipitations ont eu un effet modéré sur le remplissage des barrages, dont le taux a atteint 41,5 %, contre 39 % à la même période l’année précédente. Si cette progression est encourageante, elle reste toutefois en deçà des niveaux optimaux. « Les fortes pluies concentrées en peu de temps provoquent plus d’inondations que de captation efficace », a nuancé TahaDerbal.Autre point positif : la régénération partielle de certaines nappes phréatiques, mises à rude épreuve ces dernières années par un usage excessif. À la veille de l’Aïd, le ministre a lancé un appel à la responsabilité citoyenne, en particulier pour éviter les comportements nuisibles tels que le jet de déchets dans les canalisations, souvent responsables de bouchons et débordements. « Un simple geste d’incivilité peut gâcher la fête d’un quartier entier », a-t-il averti.
Enfin, Derbal a réaffirmé la nécessité d’une gestion proactive et durable : « Le secteur de l’hydraulique ne doit pas réagir dans l’urgence, mais anticiper ». Outre le dessalement et la réutilisation des eaux, les efforts se concentrent également sur les grands transferts Nord-Sud, la réhabilitation des réseaux, et le renforcement des interconnexions entre barrages. En conclusion, le ministre s’est voulu rassurant : « Grâce aux efforts de l’État, à la stratégie du président de la République, et à la mobilisation de tous, l’Algérie reste dans la zone verte de la sécurité hydrique ».
Par Mourad A.