24/05/2025
ANALYSE

Les BRICS en quête d’un contre-pouvoir au G20

De plus en plus de pays manifestent leur intérêt de rejoindre ce que l’on a coutume d’appeler le groupe des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). L’Arabie saoudite, le Mexique, le Nigeria, le Venezuela et… l’Iran ont fait part de leurs intentions.

Même l’Argentine, qui a participé en tant qu’observateur au dernier sommet virtuel des BRICS, organisé en juin dernier par la Chine, ne cache pas ses ambitions d’adhésion. Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, avait bien évoqué l’idée d’un « élargissement du forum à des pays comme l’Argentine ou le Pakistan. La Chine a invité le Kazakhstan, l’Arabie saoudite, l’Argentine, l’Egypte, l’Indonésie, le Nigeria, le Sénégal, les Emirats arabes unis et la Thaïlande à rejoindre le dialogue BRICS ».

Tout semble indiquer que le forum du G20, au sein duquel le poids des pays industrialisés est prépondérant, va être concurrencé par cette nouvelle enceinte. La volonté de Vladimir Poutine, isolé sur la scène internationale, de contrer l’hégémonie occidentale, se heurte cependant à une dure réalité. Si les BRICS représentent 41 % de la population mondiale, 24 % du PIB et 16 % du commerce mondial, ils restent un club hétéroclite aux ambitions divergentes.

Directeur de recherche à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris), Christophe Ventura, lors d’un séminaire organisé la semaine dernière, a jugé que « les BRICS sont un objet non identifié arrivé tardivement, en 2009, et qui est en train de se reconfigurer du fait de la guerre en Ukraine ». Mais à ses yeux, ce groupe n’a pas réussi à remplacer l’hégémonie des Etats-Unis, même si celle-ci s’est effritée. « Les BRICS n’ont pas de projet de substitution au système en vigueur actuellement », juge-t-il.

Asymétrie économique

Si l’on regarde la structure des échanges au sein de ce groupe, ce qui frappe c’est leur asymétrie. « Si la Chine s’est imposée comme le premier partenaire des BRICS, l’inverse n’est pas encore vérifié. L’Afrique du Sud, le Brésil, l’Inde et la Russie restent ainsi des partenaires marginaux pour la Chine, qui a de surcroît avec eux une relation de fournisseur peu diversifiée, centrée autour d’une ou deux matières premières », notait au printemps dernier, dans une note de recherche, Sophie Wieviorka, économiste Asie au Crédit Agricole. « Le PIB de la Chine est supérieur au PIB combiné des quatre autres pays », observait pour sa part Valérie Niquet, maître de recherches à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) lors du séminaire de l’Iris.

Cette asymétrie se retrouve dans la sphère financière. Si la Chine avait plaidé pour la création de nouvelles institutions internationales, ces institutions ont en réalité surtout servi les intérêts chinois. « La Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures, ou la Nouvelle banque de développement, des banques pilotées depuis leur siège officiel de Pékin ou Shanghai qui se voulaient les concurrentes plus rapides, plus efficaces que la Banque mondiale ou la Banque asiatique de développement, ont pour l’instant échoué à rivaliser en termes d’approbation et de décaissements », observe-t-elle. « En lançant en 2013 son projet des nouvelles routes de la soie, la Chine a prouvé que les BRICS n’étaient plus leur priorité », assure Valérie Niquet.

Source : lesechos.fr

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