Cyber sécurité informatique: L’Algérie doit avoir ses propres moyens
La cybersécurité est un écosystème complexe qui englobe divers éléments tels que les lois, les politiques, les dispositifs techniques, les stratégies de gestion des risques, les formations, les bonnes pratiques et les technologies. Ensemble, ces éléments fonctionnent pour protéger non seulement le matériel et le logiciel, mais aussi les données et les individus utilisant les technologies numériques. C’est l’avis de Souhil Guessoum, président de la Fédération du numérique et président-directeur général d’Alpha Computer, qui précise, que la cyber-sécurité est un élément vital de notre vie à l’heure de la digitalisation.
Invité par des confrères de la radio nationale, cet expert a mis en relief le cas récent du bug informatique mondial, où des avions ont été cloués au sol, des entreprises à l’arrêt, des bourses prises de panique. Ce bug informatique a –t-il dit, a fait perdre à l’économie mondiale des sommes astronomiques et met en garde les États sur la vulnérabilité des systèmes numériques.
« Ce bug a confirmé la dépendance de l’économie face à la cyber-sécurité cela doit nous inciter à assurer notre propre cyber sécurité et ne plus dépendre d’autrui » a-t-il dit. Pour le spécialiste, cet incident mondial doit nous inciter à accélérer le développement de l’économie numérique nationale pour faire face aux aléas de la numérisation et surtout renforcer la cybersécurité nationale. Et en cela, pour lui nous devons sortir de la dépendance d’autrui et avoir nos propres moyens de protection. S’agissant de l’Algérie, celui-ci précise, qu’il faut commencer par installer l’infrastructure de base et ensuite les faire protéger par des outils cyber sécuritaire. A ce sujet, en Algérie, la cybersécurité a pris une importance accrue en raison des cyberattaques auxquelles le monde et le pays ont été confrontés à plusieurs reprises durant ces deux dernières décennies. Pour répondre à ces défis, une stratégie nationale de cybersécurité a été mise en place suivie d’un référentiel national de sécurité. Sur ce plan là, tout en salut la création d’une école dédiée, il préconise d’aller plus vite « car nous sommes très en retard en ce domaine » poursuit-il
Globalement Guessoum affirme que c’est la digitalisation qui va nous apporter l’efficience et la transparence et nous permettra d’aller plus vite dans les autres secteurs économiques.
Pour cela estime-t-il «Il faut mettre en adéquation les lois avec ce développement numérique qui est entrain d’avoir lieu. Et c’est particulièrement l’arsenal juridique qu’il faut mettre à niveau »
Et de citer l’exemple de la signature électronique qui tarde à être mise en place » tout en soulignant qu’il faut appliquer une vraie stratégie de l’IA.
Pour M. Guessoum, l’Algérie dispose de compétences lui permettant d’avancer dans le domaine numérique. « L’École Supérieure d’Informatique et l’École d’Intelligence Artificielle produisent chaque année des centaines d’ingénieurs hautement qualifiés», avance-t-il, avant de déplorer la fuite de cette ressource vers l’étranger. «Plus de 90% de ces ingénieurs finissent par travailler à l’étranger», regrette-t-il, appelant à offrir à ces diplômés des salaires et des conditions adéquates pour les maintenir en Algérie et les impliquer dans la construction de notre économie. Selon le Global Cybersecurity Index 2020 de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT), l’Algérie se situe à la 23e place en Afrique en termes de préparation à la cybersécurité. Ce classement, bien qu’ayant besoin d’amélioration, montre une réelle prise de conscience croissante du sujet par l’Algérie.
Par Réda Hadi