École Nationale Supérieure de Nanosciences et Nanotechnologies: Soutenir la compétitivité industrielle de l’Algérie
Alors que la 4ᵉ révolution industrielle redéfinit les contours de la production et de l’innovation, l’Algérie mise sur un atout stratégique : la formation d’élites scientifiques capables de maîtriser l’infiniment petit pour transformer l’économie nationale. Créée en 2023 au cœur du pôle scientifique et technologique de Sidi Abdallah, l’École Nationale Supérieure de Nanosciences et Nanotechnologies (ENSNN) se positionne comme un moteur de la compétitivité industrielle dans des secteurs aussi variés que l’électronique, la chimie, la médecine ou la biologie.
Lors de son intervention à la télévision nationale, le Pr Hacene Mahmoudi, directeur de l’ENSNN, a expliqué que « Le nanomètre, c’est un milliardième de mètre : si vous coupez un cheveu humain en 100 000 parties, une seule correspond à cette échelle ». Il a ajouté qu’« à cette dimension, les matériaux changent de propriétés. On peut fabriquer des structures plus légères que l’aluminium et plus solides que l’acier, ou des verres pratiquement incassables ». Première institution de ce genre dans le monde arabe et en Afrique, l’ENSNN accueille déjà sa troisième cohorte, composée de 196 étudiants. L’admission y est hautement sélective : pour la rentrée 2025, la moyenne minimale au baccalauréat s’est établie à 17,96.
Le cursus de l’école s’étend sur cinq ans, avec deux années de tronc commun suivies de trois années de spécialisation. Quatre filières sont proposées : la nano-électronique, les capteurs (essentiels en électronique et en médecine), l’énergie verte (axée sur les batteries et les énergies renouvelables) et les membranes et matériaux nano structurés (spécialisés dans le dessalement et le traitement de l’eau). Le Pr Mahmoudi a souligné : « Nous ne formons pas seulement des ingénieurs, mais aussi des créateurs d’entreprises, des chercheurs et des leaders capables d’inventer des solutions locales pour des enjeux globaux ». L’école mise sur un équilibre entre enseignement théorique et pratique. Les étudiants bénéficient de travaux en laboratoire, de stages en centres de recherche et de collaborations avec des entreprises utilisant déjà les nanotechnologies, dans le public comme dans le privé. Les partenariats dépassent les frontières, car l’ENSNN coopère avec des universités russes spécialisées et un centre italien de recherche sur les membranes, tout en multipliant les accords avec des institutions algériennes.
Dans le même bâtiment, un Centre national de recherche en nanosciences est en cours d’équipement. Il devrait être opérationnel pour accompagner la première promotion diplômée et renforcer la capacité du pays à développer des innovations industrielles à forte valeur ajoutée. Pour le Pr Mahmoudi, l’objectif est clair : « Les nanotechnologies sont un levier majeur pour positionner l’Algérie comme un acteur compétitif dans des industries stratégiques. Notre mission est de fournir le capital humain qui portera cette ambition ».
Par M. A.