Électricité: Le nucléaire doit rester prédominant en France selon l’ex-patron de RTE
Pour André Merlin, il est risqué de viser plus de 50% d’énergies renouvelables dans la production d’électricité nationale en 2050.
«Dans le mix électrique [de 2050], on ne peut pas envisager un scénario entièrement renouvelable», assure André Merlin, qui fut le premier président du gestionnaire de réseau national de transport d’électricité RTE (de 2000 à 2007). Lors d’une audition réalisée le 1er février dernier par l’Assemblée nationale, il a renchéri avec une célèbre expression utilisée par Emmanuel Macron : «C’est de la carabistouille.»
D’ici 2050, le chef de l’État veut accélérer à la fois sur le nucléaire et les énergies renouvelables. Mais, selon ses objectifs, l’atome ne représenterait pas plus de 50% de la production d’électricité en France. En 2021, RTE avait publié cinq scénarios différents, allant du 100% d’énergies renouvelables jusqu’au plein développement de l’énergie nucléaire. Les perspectives d’Emmanuel Macron se rapprochent des deux derniers scénarios, qui accordent une part plus conséquente à l’énergie nucléaire. La part des énergies renouvelables serait alors «réduite» à 63% dans l’avant-dernier scénario et à 50% dans le dernier.
Garder trois quarts d’énergie pilotable dans le mix électrique
Pour André Merlin, ni l’un ni l’autre ne sont recommandables : «Il est clair qu’un certain nombre de scénarios proposés en 2050 par RTE dans son étude vont, à mon sens, beaucoup trop loin, c’est pour ça que j’émets des réserves. Je n’ai jamais été contre l’introduction de moyens éolien ou solaire mais il y a des limites. Au-delà de 50%, je pense qu’on prend des risques de moyens non pilotables.» Dans une interview à La Tribune, publiée il y a un an, le fondateur de RTE soulignait «que dans le cas de l’éolien par exemple, il faut prendre en compte la production garantie nécessaire pour pallier l’absence de vent, y compris en mer, et un facteur de charge difficile à anticiper».
Pour le mix électrique de 2050, André Merlin va ainsi au-delà du dernier scénario de RTE – qui préconise 50% de nucléaire – en proposant «75% d’électricité pilotable (nucléaire et hydraulique) et 25% d’énergies non pilotables». Quelques jours plus tard, le 8 février, l’ex-directeur exécutif d’EDF Hervé Machenaud défendait une position similaire. «Le meilleur scénario RTE est celui avec 50% de nucléaire. Comme ils n’ont pas voulu aller plus loin, on a fait un scénario à 80% de nucléaire, qui est le plus sûr en approvisionnement et 25% moins cher». Cette conjecture se rapproche de la production d’électricité d’EDF en 2021 avec 86,8% de nucléaire, 10,4% d’énergies renouvelables (dont l’hydraulique), 1,7% de «cycle combiné gaz et cogénération», de 0,7% de fioul et 0,4% de gaz.
Quel que soit le scénario choisi par le gouvernement, il faut encore que les chantiers des nouveaux EPR français parviennent à voir le jour. La première échéance concerne la centrale de Flamanville, qui devrait lancer le démarrage commercial de son réacteur mi-2024, après un nouveau report de six mois par EDF. Viendront ensuite les deux EPR de la centrale de Gravelines, prévus pour 2035.