Exportations hors hydrocarbures: Vers la révision de la Stratégie nationale des exportations
L’Algérie s’engage résolument dans une dynamique de relance de ses exportations hors hydrocarbures, avec l’objectif ambitieux d’atteindre 30 milliards de dollars. Cet objectif, devenu prioritaire pour les autorités, repose sur une série de mécanismes visant à stimuler ce secteur. Selon Djamel Guidoum, président du club export du CREA, la révision de la Stratégie nationale des exportations (SNE), lancée en 2017 mais rapidement suspendue, joue un rôle central dans cette relance. Relancée sous l’impulsion du ministre du Commerce, cette stratégie mobilise désormais des acteurs clés comme l’Algex, pour élaborer une feuille de route adaptée aux nouvelles exigences des exportateurs, tout en cherchant à alléger les obstacles rencontrés par le passé.
Lors d’une intervention sur la « Chaîne III » de la radio nationale, Djamel Guidoum a souligné que l’une des priorités de cette relance est la révision des lois monétaires et bancaires, souvent perçues comme des freins pour les opérateurs économiques. Bien que ces réformes aient suscité des critiques, une nouvelle dynamique semble émerger, marquée par une meilleure coopération entre les institutions publiques et les acteurs économiques, avec l’implication de la Banque d’Algérie et de la direction générale des douanes. Ces institutions œuvrent à simplifier les procédures, en particulier dans des secteurs prometteurs comme l’électronique et l’électroménager.Cependant, des obstacles persistent, notamment le règlement 1404, qui encadre les investissements algériens à l’étranger. Critiqué pour sa lenteur administrative, ce règlement freine le développement international des opérateurs. À titre de comparaison, des pays comme l’Égypte et la Tunisie ont assoupli leurs lois pour favoriser l’implantation des entreprises à l’étranger, un exemple que l’Algérie pourrait suivre pour libérer pleinement le potentiel de ses exportateurs.L’instruction 2106, qui régit l’utilisation des devises par les exportateurs, est également source de complications. Bien qu’elle autorise la conservation de 100 % des devises générées, son application rigide complique les démarches des exportateurs, qui doivent justifier minutieusement leurs dépenses à l’étranger. Cela pousse certains à se tourner vers le marché parallèle, exacerbant ainsi la flambée des devises. Malgré ces difficultés, les réformes en cours et une meilleure écoute des institutions comme la Banque d’Algérie permettent d’espérer un avenir plus favorable pour les exportations hors hydrocarbures. Les propositions des opérateurs économiques et du CREA sont prises en considération, et des solutions se dessinent pour alléger les contraintes. L’Algérie semble ainsi amorcer une transformation économique, avec l’espoir de résultats concrets dans un avenir proche.
Guidoum a également mis en avant la nécessité pour l’Algérie de s’inspirer de modèles internationaux, citant la Chine, la Turquie et l’Égypte, qui ont su soutenir leurs exportateurs à travers des primes à l’exportation. Bien que cette pratique soit souvent assimilée au « dumping », elle reste courante et efficace à l’échelle mondiale. Il a plaidé pour une révision de l’ordonnance 96-22, qui punit sévèrement le défaut de rapatriement des devises. Selon lui, il serait plus approprié de remplacer les sanctions pénales par des sanctions financières, offrant ainsi plus de flexibilité aux exportateurs face aux problèmes de paiement avec leurs partenaires internationaux.Le représentant du CREA a également évoqué la situation des banques algériennes, qui, malgré leur présence à l’étranger, peinent à résoudre les défis liés aux transactions internationales. Il a plaidé pour la dépénalisation des risques commerciaux, afin de protéger les entreprises algériennes de sanctions injustes.
Enfin, Djamel Guidoum a tenu à rassurer les consommateurs algériens quant à la capacité des industries locales à répondre à la demande intérieure tout en se tournant vers l’exportation. Il a cependant rappelé que la conquête des marchés internationaux nécessite une préparation à long terme, souvent sur plusieurs années, avant de pouvoir générer des parts de marché significatives.
Par Mourad A.