Importation de moutons: Le marché algérien intéresse les Espagnols
À l’approche de l’Aïd el-Adha, l’Algérie anticipe une forte demande en bétail, notamment en ovins. Pour y faire face, les autorités ont annoncé l’importation exceptionnelle de près d’un million de têtes, une décision prise au plus haut niveau de l’État. Cette ouverture commerciale suscite un vif intérêt de la part de plusieurs pays, dont l’Espagne, où les éleveurs voient dans le marché algérien une opportunité stratégique pour relancer leurs exportations. Dans un contexte économique tendu, marqué par la recherche de nouveaux débouchés, les échanges s’intensifient entre Alger et les acteurs agricoles espagnols.
C’est dans ce cadre qu’Alger a officiellement exprimé son intention d’importer jusqu’à un million de têtes de bétail en prévision de la fête religieuse prévue début juin. Cette mesure, annoncée lors d’un Conseil des ministres présidé par Abdelmadjid Tebboune, s’accompagne d’un appel à une large consultation internationale visant à identifier les pays fournisseurs potentiels. Saisissant cette opportunité, plusieurs organisations agricoles espagnoles, à l’image d’Asaja Extremadura, qui représente plus de 5 000 éleveurs, ont rapidement interpellé leur gouvernement pour obtenir son soutien. Leur objectif est clair : faciliter et accélérer l’exportation de moutons espagnols vers l’Algérie. L’organisation souligne l’urgence de diversifier les destinations d’exportation et insiste sur l’importance d’obtenir rapidement le certificat sanitaire ASE, indispensable pour toute opération commerciale avec Alger.
Ce mouvement intervient dans un contexte diplomatique apaisé entre les deux pays. Lors d’un entretien télévisé le 22 mars dernier, le président Tebboune a affirmé que les relations avec l’Espagne sont désormais « revenues à la normale », après une période de tensions. Il a confirmé que l’Algérie importerait une partie de ses besoins en ovins d’Espagne à l’occasion de l’Aïd, ouvrant ainsi la voie à une reprise dynamique des échanges dans le secteur agroalimentaire.
L’Association algérienne de protection et d’orientation du consommateur (APOCE) suit de près l’évolution du dossier. Son président, Mustapha Zebdi, a indiqué que les organisations espagnoles spécialisées dans l’élevage ont déjà entrepris les démarches nécessaires auprès de leurs autorités pour accélérer la délivrance des documents sanitaires requis. Il précise que les éleveurs espagnols sont mobilisés pour répondre à la demande algérienne, particulièrement forte cette année en raison d’une production locale jugée insuffisante.
Pour les professionnels espagnols, le calendrier est déterminant. À quelques semaines de l’Aïd, le marché algérien représente une véritable bouffée d’oxygène économique. RaúlMóthier, président de l’Association interprofessionnelle espagnole de la viande ovine et caprine, salue d’ailleurs cette opportunité et souligne la réactivité des deux parties pour concrétiser rapidement les échanges.
Si les conditions sanitaires et administratives sont réunies dans les délais, les moutons espagnols pourraient fouler le sol algérien très prochainement. Une dynamique qui illustre combien les équilibres commerciaux peuvent évoluer au gré des décisions politiques, des urgences économiques et des réalités climatiques. Et comment, dans ce contexte, les intérêts agricoles participent à redessiner les relations régionales autour de la Méditerranée.
Par Mourad A.