22/05/2025
NATIONAL

Intégrer l’économie informelle: Une nécessité pour une fiscalité plus juste

La réforme du système fiscal algérien occupe aujourd’hui une place centrale parmi les priorités économiques du pays. Loin d’être une simple révision technique, elle constitue une étape essentielle pour renforcer la solidité financière de l’État. Hamza Boughadi, expert en économie, a insisté sur l’importance d’un élargissement de l’assiette fiscale, qu’il considère comme indispensable pour garantir une stabilité budgétaire durable.

Invité sur la « Chaîne I » de la radio nationale, M. Boughadi a affirmé que « la réforme fiscale est une nécessité absolue », appelant à l’intégration de tous les opérateurs économiques dans le circuit formel afin que chacun contribue équitablement à l’effort national. Chaque année, la loi de finances peine à concilier les besoins croissants de financement public avec des recettes fiscales insuffisantes. L’économie informelle, qui représente une part significative de l’activité nationale, échappe encore largement au contrôle de l’administration. De nombreux opérateurs, y compris parmi les plus prospères, ne déclarent ni leurs revenus ni leurs employés, évitant ainsi toute participation aux charges publiques. « De nombreux commerçants et opérateurs agissent dans l’ombre, sans payer le moindre dinar d’impôt. Cela crée un déséquilibre criant et met en péril le financement des services publics essentiels », a déploré l’expert.

Pour rompre avec cette spirale de sous-déclaration et de fraude, les autorités misent sur l’élargissement de l’assiette fiscale. L’objectif est d’intégrer un maximum d’acteurs économiques dans un système plus transparent, plus simple et moins dissuasif. Cette transition nécessite une transformation en profondeur du cadre fiscal, en agissant simultanément sur les procédures, les outils et les comportements. Une meilleure organisation des démarches fiscales, appuyée par la numérisation du recouvrement, vise à rendre les obligations fiscales plus accessibles et moins contraignantes. En parallèle, des incitations sont prévues pour encourager la formalisation des activités informelles, contribuant ainsi à élargir progressivement la base contributive. « Le système fiscal actuel pousse à la dissimulation. Il faut inverser cette logique en le rendant plus souple, plus compréhensible et plus juste pour tous », a souligné M. Boughadi. Selon lui, l’un des leviers essentiels de cette réforme réside dans la mise en place de mécanismes d’adhésion volontaire, à travers des formules simplifiées de déclaration et de paiement, adaptées aux petites structures, artisans et commerçants. Des régimes spécifiques, tels que celui de l’auto-entrepreneur déjà en vigueur, doivent être étendus et mieux encadrés afin de prévenir les abus, tout en élargissant le cercle des contribuables. Par ailleurs, le recours aux plateformes numériques permettrait de mieux tracer les transactions économiques, réduisant ainsi les marges de manœuvre pour la fraude fiscale. L’ampleur du secteur informel nuit gravement à la justice fiscale et affaiblit la compétitivité des entreprises déclarées, souvent désavantagées face à des concurrents opérant dans l’illégalité. « L’économie informelle est devenue une zone grise où prospèrent l’évasion fiscale et la précarité juridique, tout en menaçant la cohésion sociale », a averti Boughadi. « Il est temps d’instaurer un pacte fiscal national, juste et mobilisateur ».

Pour réussir ce chantier ambitieux, Hamza Boughadi a appellé à une mobilisation collective, qui dépasse le seul cadre de l’administration. Il a rappelé que l’impôt ne doit pas être perçu comme une sanction, mais comme un levier de solidarité et de développement. « Sans ressources fiscales stables, il n’y a pas d’État, pas de services publics, pas de développement. Il faut que chaque citoyen comprenne qu’en payant ses impôts, il participe à la construction du pays ».

Par Mourad A.

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