L’Algérie lance un marché volontaire du carbone
Le gouvernement renforce ses efforts en faveur de la transition écologique. C’est dans cette dynamique qu’a été lancé officiellement, lundi à Alger, le marché volontaire du carbone, accompagné du système MRV (Mesure, Reporting et Vérification), dans le cadre du projet AIM-WELL. Mené en partenariat avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), ce projet vise à promouvoir une gestion durable des déchets et à accélérer le passage vers une économie verte. Ce nouveau dispositif permettra de garantir la transparence et la crédibilité des actions de réduction des émissions.

L’annonce a été faite lors d’un atelier technique sur la conception de ces nouveaux outils, en présence de plusieurs membres du gouvernement, de hauts responsables économiques et environnementaux, ainsi que de partenaires internationaux.
Dans son allocution d’ouverture, la ministre de l’Environnement, Nadjiba Djilali, a qualifié le projet de « tournant majeur » dans l’approche de développement de l’Algérie nouvelle. Elle a insisté sur l’ambition de faire de ce programme une vitrine de l’économie circulaire et de la durabilité environnementale.
« Ce projet va au-delà de la gestion des déchets : c’est une refondation de notre relation avec l’environnement », a-t-elle affirmé. Prévu pour la période 2023-2028, AIM-WELL adopte une démarche scientifique et numérique, avec une implication active des collectivités locales. Les wilayas de Constantine et Sétif serviront de zones pilotes pour l’expérimentation de schémas directeurs adaptés, avec un recours accru aux technologies intelligentes pour garantir transparence et efficacité.
Concernant le système MRV, il est appelé à jouer un rôle central dans la réussite de cette démarche. Il permettra de mesurer, suivre et certifier les réductions d’émissions dans les projets environnementaux. Ce cadre rigoureux est indispensable pour intégrer l’Algérie aux marchés internationaux du carbone, et pour capter les opportunités de financement climatique.
Pour sa part, le ministre de l’Industrie, Seifi Ghrieb, a qualifié ce programme de « levier stratégique pour le développement d’industries propres ». Il a évoqué des projets concrets dans le domaine du ciment vert, notamment à Djelfa, Relizane et Adrar, représentant une capacité cumulée de plus de 5 millions de tonnes, toutes conformes aux normes environnementales.
Pour sa part, la représentante résidente par intérim du PNUD, Francesca Nardini, a rappelé que le marché volontaire du carbone connaît une croissance spectaculaire à l’échelle mondiale, avec plus de 2 milliards de dollars mobilisés en 2023 pour des projets liés au reboisement, à la gestion des déchets et à la transformation énergétique.
« Ce marché représente un pont stratégique entre les efforts climatiques nationaux et les initiatives internationales. Il attire les investissements, stimule l’innovation et soutient les chaînes de valeur bas carbone », a-t-elle déclaré, tout en insistant sur la nécessité de bâtir un système fondé sur la confiance et la transparence.
L’ensemble des intervenants a souligné que cette démarche n’est pas ponctuelle, mais s’inscrit dans une stratégie à long terme de modernisation de la gouvernance environnementale en Algérie. À terme, le gouvernement ambitionne d’étendre ce modèle à l’échelle nationale, en impliquant les entreprises, les collectivités et les citoyens dans une dynamique collective de décarbonation. En conclusion, le lancement du marché volontaire du carbone et du système MRV marque un tournant dans la transition écologique du pays, en conjuguant innovation technologique, engagement citoyen et partenariat international.
Par Sirine R.