Le marché des assurances en pleine croissance
Le marché national des assurances continue de progresser. Selon la dernière note de conjoncture du Conseil national des assurances (CNA), les primes émises ont atteint 181,3 milliards de dinars au 31 décembre 2024, toutes branches confondues. Cette performance marque une hausse de 4,4 % par rapport à l’année précédente, attestant ainsi de la stabilité et de la résilience d’un secteur en pleine mutation.
Cette croissance repose sur une légère augmentation du nombre de contrats souscrits, qui s’élèvent désormais à 15 447 508 contrats (hors acceptations internationales), enregistrant une progression de 1,1 % par rapport à l’année précédente. Ce dynamisme témoigne de la consolidation continue du tissu assurantiel algérien, bien que des marges de développement demeurent considérables, notamment dans les segments les moins couverts.
Le principal moteur du marché reste les assurances de dommages (AD), qui représentent à elles seules 83 % du chiffre d’affaires global. Avec un total de 150,4 milliards de dinars de primes émises, cette branche enregistre une hausse de 2,9 % par rapport à 2023. Les assurances automobiles, incendie, transport et multirisques professionnelles occupent une place prépondérante dans ce secteur, bien que la modernisation de l’offre et la digitalisation des services soient encore en cours de déploiement.
En parallèle, le secteur des assurances de personnes (AP) affiche également une tendance à la hausse. Bien que souvent considéré comme le parent pauvre du marché, ce segment enregistre une progression de 3,2 %, pour un montant total de 20,1 milliards de dinars. Bien que modeste, cette évolution illustre un intérêt croissant pour les produits de prévoyance, de santé et d’épargne à long terme. Elle met également en lumière le potentiel de développement de ce secteur, notamment en lien avec les réformes sociales et les préoccupations croissantes liées à la couverture des risques individuels.
La véritable surprise de l’exercice 2024 vient de l’assurance Takaful, un produit conforme aux principes de la finance islamique. Ce segment enregistre une percée remarquable, avec un total de 749,3 millions de dinars de contributions, soit une augmentation spectaculaire de 248,8 %. Le marché se répartit presque équitablement entre le Takaful Général (402,5 millions DA) et le Takaful Familial (346,8 millions DA), illustrant ainsi l’engouement croissant des consommateurs pour des produits alternatifs, portés par des considérations éthiques, religieuses ou pratiques. Par ailleurs, les acceptations internationales connaissent également une progression notable, avec un chiffre d’affaires dépassant les 10 milliards de dinars, en hausse de 32,2 %. Bien que ce segment reste encore secondaire, il témoigne de l’ouverture du marché algérien vers l’extérieur et de la montée en compétence des compagnies nationales dans la gestion des risques internationaux. En revanche, le rapport du CNA souligne l’absence d’activité dans le domaine du Ré-Takaful au cours de l’année 2024, un constat qui pourrait incité à explorer davantage ce créneau encore inexploité.
Au-delà des chiffres, la croissance du marché des assurances reflète une maturation progressive du secteur, stimulée par une demande de plus en plus diversifiée, des innovations réglementaires et l’émergence de nouvelles formules adaptées aux besoins d’une population en transformation. Toutefois, des défis demeurent : élargir la couverture, renforcer la confiance du public, moderniser les canaux de distribution et améliorer la qualité des services. Les signaux sont néanmoins clairs : l’assurance, longtemps perçue comme un produit accessoire, tend désormais à se positionner comme un levier structurant pour la stabilité économique et la sécurité sociale en Algérie.
Par Mourad A.