Production halieutique: Un objectif de 160 000 tonnes à l’horizon 2030
Le secteur de la pêche en Algérie se prépare à un saut qualitatif majeur d’ici 2030, avec un objectif ambitieux : atteindre 160 000 tonnes de production halieutique. Cette stratégie, conçue pour renforcer la sécurité alimentaire du pays, repose sur un ensemble de réformes et d’initiatives visant à moderniser le secteur et à maximiser l’exploitation durable des ressources marines, a indiqué Djamel Boulkhessaim, inspecteur du ministère de la Pêche et des Produits halieutiques, lors d’une interview à la radio nationale.
Intervenant sur les ondes de la «Chaîne I» de la radio nationale, Djamel Boulkhessaim a expliqué que, pour atteindre cet objectif, les autorités algériennes ont lancé une série de mesures destinées à améliorer les techniques de pêche et à promouvoir des pratiques plus efficaces et durables. Parmi ces actions, le développement de la pêche hauturière occupe une place centrale. En facilitant l’accès aux zones de pêche en haute mer, le gouvernement vise à diversifier les lieux d’exploitation tout en préservant les écosystèmes côtiers. Le soutien au secteur de l’aquaculture, considéré comme un pilier de cette stratégie, s’intensifie également. Ce segment en pleine expansion permet d’augmenter la production de produits aquatiques tout en réduisant la pression sur les ressources marines traditionnelles. L’objectif est de combiner l’aquaculture et la pêche en haute mer pour répondre à la demande croissante en produits de la mer tout en assurant une gestion durable des ressources. Cette stratégie a donné de résultats positifs. Selon les derniers chiffres du ministère de la Pêche, une croissance de 23% a été enregistrée en 2024, avec prévision d’augmentant la production nationale à 120 000 tonnes d’ici fin d’année.
Ainsi, pour encourager les acteurs du secteur à moderniser leurs équipements et à améliorer leurs performances, l’inspecteur a indiqué que le gouvernement a introduit des mesures incitatives, telles que l’importation de moteurs de moins de cinq ans pour les navires de pêche. Ces moteurs modernes permettent aux pêcheurs d’accéder aux zones de pêche les plus éloignées, tout en optimisant les coûts d’exploitation. Cette réduction des coûts se traduit par une baisse des prix des produits de la mer sur le marché intérieur, ce qui contribue à améliorer l’accès des Algériens à des sources de protéines de qualité.
Djamel Boulkhessaim a également souligné le rôle clé de l’aquaculture dans cette stratégie, particulièrement en ce qui concerne l’intégration de l’élevage de poissons dans les systèmes agricoles. L’élevage du tilapia dans les bassins d’irrigation, par exemple, permet aux agriculteurs de diversifier leurs revenus tout en améliorant la fertilité des sols. Cette approche maximise l’utilisation des ressources disponibles et rend la production alimentaire plus résiliente face aux défis climatiques. Les autorités prévoient également des incitations fiscales pour les producteurs de tilapia, avec une prime à la production de 50 dinars par kilogramme et des exonérations fiscales sur les ventes. Ces mesures visent à stimuler l’investissement dans l’aquaculture et à augmenter la production locale de protéines animales, contribuant ainsi à réduire la dépendance aux importations alimentaires.
Pour accompagner cette dynamique de croissance, un système de surveillance à distance des navires de pêche a été mis en place. L’invité de la radio a indiqué que ce dispositif permet de renforcer la sécurité des opérations en mer tout en garantissant une gestion plus rigoureuse des zones de pêche. La cartographie des zones exploitables et la surveillance des navires assurent une exploitation durable des ressources halieutiques et limitent la surexploitation.Par ailleurs, l’innovation joue un rôle essentiel dans cette stratégie de modernisation. Avec 82 start-ups labellisées « projet innovant » dans le domaine de la pêche et de l’aquaculture, le secteur bénéficie d’une vague de technologies et d’applications numériques destinées à améliorer les services publics et privés. Ces innovations favorisent une gestion plus efficiente des ressources et une meilleure performance du secteur.
Pour sa part, Mohamed Bengrina, Secrétaire général du Ministère de la Pêche et des Produits Halieutiques, a expliqué dans son allocution prononcée hier à l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation 2024, placée sous le slogan : « Le droit à l’alimentation… pour une vie et un avenir meilleur… Ne laissez personne de côté » a souligné que l’intégration de l’aquaculture dans les systèmes agricoles traditionnels est l’un des axes stratégiques pour augmenter la production alimentaire tout en optimisant l’utilisation des ressources. « L’élevage de poissons comme le tilapia dans les bassins d’irrigation constitue un exemple réussi de cette synergie. En plus de fournir une nouvelle source de revenus pour les agriculteurs, ce système améliore la fertilité des sols grâce à l’eau enrichie en nutriments, réduisant ainsi le recours aux engrais chimiques. Cette approche permet non seulement de soutenir la production alimentaire, mais également de renforcer la durabilité des pratiques agricoles», conclut-il.
Par Mourad A.