Remaniement ministériel: Pour un quinquennat économique par excellence
En procédant à un remaniement, le Président Tebboune veut faire des cinq années à venir un quinquennat économique par excellence. Début octobre, le chef de l’Etat avait annoncé un changement d’équipe gouvernementale avant la fin de l’année, expliquant que son objectif était de recruter les « meilleures compétences » afin de faire de son second mandat un « quinquennat économique par excellence ».
Ce remaniement vise à s’assurer que le Chef de l’État pourra tenir les engagements pris lors de sa campagne électorale. Analyser cette situation, l’économiste Mohamed Achir estime que le remaniement ministériel opéré par le président de la République repose sur « une nouvelle stratégie et un plan d’actions révisé dans le cadre de l’exécution de son programme et de ses engagements électoraux ». Il souligne que ce changement est avant tout axé sur le domaine économique, entraînant la reconfiguration de certains ministères.
En effet, la désignation de ce nouveau gouvernement se distingue par quelques nouveautés, puisqu’on recense au total douze sortants et treize entrants. Parmi les poids lourds du gouvernement, les ministres des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, de l’Intérieur, Brahim Merad et de l’Énergie, Mohamed Arkab, conservent leurs portefeuilles.
Du côté des nouveautés, outre l’entrée au gouvernement du général Chanegriha, le ministère de la Défense demeurant occupé par le président Tebboune, un nouveau ministre de la Justice, Lotfi Boudjemaa, a été nommé et le portefeuille de l’Industrie revient à Sifi Gharib qui remplace Ali Aoun.
Le président de la Fédération Algérienne de Football (FAF), Walid Sadi, fait également son entrée dans l’équipe comme ministre des Sports. L’ancien département de la Jeunesse est des sports est ainsi séparé en deux ministères distincts, le volet jeunesse étant confié à Mustapha Hidaoui.
Également scindé en deux, le portefeuille du Commerce : d’un côté le Commerce interne et la régulation du marché national, dirigé par Tayeb Zitouni, de l’autre le Commerce extérieur et la promotion des exportations, confié à Mohamed Boukhari. La Pêche et l’Agriculture font désormais partie du même ministère avec à sa tête Youcef Cherfa. De ces nominations, il en ressort que ce remaniement, attendu, répond à la vision du président de la République à réaliser ses engagements tenus en campagne électorale et concrétiser les promesses lancées dans son programme politique.
Selon l’économiste, qui s’est exprimé chez nos confrères de la radio nationale, le président de la République entend « doter certains départements ministériels de moyens afin de mettre à exécution les grands projets, notamment en dotant le secteur de l’énergie d’un ministère de souveraineté et qui s’inscrit dans un contexte énergétique mondial particulier». A ce sujet, l’Algérie a montré sa volonté renforcée de soutenir le secteur des énergies et particulièrement les mines.
Or selon l’analyste, le président de la République a, une vision stratégique pour valoriser le secteur de l’énergie, étant donné son importance, et ce dans le sillage de diversifier l’économie, notamment le secteur minier, considéré, désormais, comme un secteur stratégique dans la politique de développement des exportations hors hydrocarbures. Mais celui-ci a tenu à souligner que «Globalement, l’énergie et les mines constituent deux secteurs stratégiques qui connaissent de grands projets structurants pouvant à même de créer un phénomène d’entrainement pour d’autres secteurs », citant au passage les mégaprojets des complexes de phosphate (Bled Hedba), du fer (Gara Djebilet) et de zinc (Amizour) ».
Le commerce extérieur un levier pour la production interne
Par ailleurs, ajoute Achir, «le commerce extérieur peut-être un levier pour soutenir la production nationale », précisant que « c’est un secteur qui requiert une politique de commerce international qui appelle au développement de la consommation domestique ». Car, dit-il, « on ne peut décloisonner les deux secteurs ». « Nous sommes dans une chaine de valeur internationale où tous les maillons de la chaine de diversification de l’économie sont liés », fait-il remarquer, prônant de « ne pas se limiter à des mesures serrées dans une stratégie globale, mais avoir une politique économique intégré qui va appuyer la production nationale ».
Si une politique du commerce extérieur, nécessite aussi une politique de change adéquate , pour l’expert Il faut gérer le taux de change de façon qui répond justement, aux objectifs tracés dans le programme de diversification de l’économie, surtout en ce qui concerne la remonté des filières , développe-t-il, relevant qu’il y a, là, un choix des filières à valoriser, tant en terme d’une stratégie de substitution des importations qu’en terme d’une stratégie de pénétration dans les marchés à l’international ». Pour l’intervenant, il s’agit d’un « packaging de stratégies coordonnées et cohérentes qui sont planifiées et qui prennent en considération à la fois les besoins du commerce extérieur pour l’industrie et la consommation, en ce sens pour faciliter l’importation dans certains créneaux et protéger le produit national.
Par Réda Hadi