Transport de marchandises par rail: La SNTF vise 100 millions de tonnes d’ici 2040
Contrairement aux transports routiers, où des lenteurs peuvent être observées, le transport ferroviaire évite ces problématiques. Après une stagnation de dix ans concernant le volume des marchandises transportées, qui atteignait 4,5 millions de tonnes par an, le transport de marchandises par rail a connu en 2023 une reprise, avec une augmentation de 700 000 tonnes, portant le total à 5,2 millions de tonnes. L’objectif pour 2024 est d’atteindre 6 millions de tonnes, et ce, avec les mêmes moyens actuels, avec l’ambition de le porter à 100 million de tonnes par an à l’horizon 2040, a fait savoir Reda Laib, directeur général adjoint de la SNTF.
Cependant, des acquisitions de nouveaux équipements sont en cours, ce qui augmentera la capacité de transport. Laib a insisté sur l’importance de cette initiative, mais il a également souligné la concurrence déloyale exercée par les transporteurs privés, en particulier les transporteurs par camion. « Ces derniers ne respectent pas toujours la réglementation et bénéficient de charges moins lourdes, ce qui diminue la compétitivité du rail », a-t-il déclaré. Malgré ces défis, des efforts constants sont déployés pour améliorer la part de marché du transport ferroviaire dans le secteur des marchandises, a-t-il ajouté lors de son intervention à la radio nationale dans l’émission « Invité de la rédaction » de « la Chaîne III ».
Lors de cette même intervention, Laib a d’abord évoqué les récents épisodes d’inondations ayant touché plusieurs régions d’Algérie, notamment le sud-ouest et l’est. Bien que toutes les lignes de l’est du pays aient été rapidement rétablies, un tronçon crucial reliant Béchar à Ain Sefra reste non opérationnel. « Des travaux de réhabilitation ont été lancés », a-t-il expliqué. En attendant, des solutions mixtes, alliant transport ferroviaire jusqu’à Mechria et transport routier jusqu’à Béchar, sont mises en place, notamment pour le transport de carburant.Il a ensuite présenté les grands projets ferroviaires en cours, soutenus par des investissements publics significatifs. Ces projets visent à faire du rail un pilier du développement économique, social et environnemental du pays. Parmi les initiatives phares, Laib a mentionné deux lignes minières majeures en construction : la ligne minière ouest, desservant la mine de Gara Djebilet (Tindouf), et celle de l’est, reliant la mine de Bled El Hadba (Tébessa). « Ces infrastructures jouent un rôle clé dans le transport des ressources minières. Avec leurs mises en exploitation, nous prévoyons un plan de charge de 100 millions de tonnes par an de marchandises à l’horizon 2040», a-t-il souligné.
Par ailleurs, la SNTF a élaboré une stratégie de développement ferroviaire à l’horizon 2040, en accord avec les directives du Schéma National d’Aménagement du Territoire (SNAT) et du schéma directeur ferroviaire. « Cette stratégie vise à adapter les infrastructures ferroviaires aux besoins spécifiques des différentes régions du pays », a précisé Laib, « avec une priorité accordée à l’extension du réseau vers le sud, devenue essentielle face aux enjeux actuels. » Il a cité les projets de lignes reliant Touggourt à Hassi Messaoud et El Bayadh à Béchar, prévues pour être réceptionnées avant la fin de l’année.Concernant la modernisation du réseau existant, Laib a souligné que l’infrastructure actuelle, principalement héritée de l’époque coloniale, nécessite des travaux de mise à niveau. « La rocade nord, reliant Annaba à Tlemcen, fait l’objet de plusieurs projets de réhabilitation », a-t-il indiqué. Les travaux ont déjà commencé sur plusieurs tronçons, avec des projets en cours tels que ceux reliant Annaba à Ramdane Djamel, Khemis Miliana et Thenia à Bordj Bou Arreridj.
La SNTF s’engage également dans un processus de numérisation pour améliorer l’expérience des usagers. « Le paiement en ligne et la réservation électronique pour les grandes lignes sont déjà en place », a déclaré Laib. De plus, la société travaille sur l’installation de distributeurs automatiques de billets dans les gares. « Cette modernisation vise à réduire les files d’attente et à faciliter l’accès des citoyens aux services ferroviaires », a-t-il précisé.En ce qui concerne la lenteur relative du train par rapport au transport routier, Laib a expliqué que « la sécurité prime sur la vitesse, avec des limitations de vitesse mises en place pour assurer la sûreté des passagers. » Il a également évoqué les défis posés par des actes de malveillance, tels que le caillassage des trains et les passages à niveau illicites, qui ralentissent le trafic et affectent la compétitivité de la SNTF. « Des campagnes de sensibilisation sont en cours, notamment dans les mosquées et les écoles, pour éduquer les citoyens sur les dangers de ces pratiques », a-t-il ajouté.
Enfin, Laib a conclu en annonçant la relance de la ligne ferroviaire reliant Alger à Tunis, inaugurée en août 2024. « Cette ligne, populaire durant la période estivale, continue de transporter un nombre important de passagers malgré une baisse d’affluence après la rentrée », a-t-il déclaré. Il a également souligné le potentiel de cette ligne pour le transport de marchandises, indiquant qu’une réunion sous l’égide du ministre des Transports avait déjà eu lieu pour encourager les opérateurs économiques à utiliser le rail pour leurs exportations vers la Tunisie. « Un atelier est prévu pour inciter les acteurs économiques à adopter ce mode de transport », a-t-il conclu.
Par Mourad A.