17/05/2024
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Chronique Eco: Le souverainisme économique est de retour : Faut-il avoir peur ? Les étudiants des universités américaines « offre » un espoir.

Jamais le monde n’a été dans une telle incertitude. La peur s’installe et les anticipations sur l’avenir se perdent dans des spéculations et des conjectures souvent fantaisistes.

La sécurité alimentaire, la sécurité énergétique et la sécurité numérique sont les principales préoccupations des Etats. Le président américain, lui-même avec sa puissance, reconnait que le monde connait une incertitude sur la sécurité alimentaire.  Est-ce la faute à la mondialisation ? (ou comme disait Krugman: la mondialisation n’est pas coupable)

La mondialisation a été critiquée depuis ses débuts. On attaquait le commerce international dans son principe, la division internationale du travail se faisait fondamentalement aux dépens des travailleurs, mis en concurrence les uns avec les autres. Elle favorisait la concentration du capital et réduisait impitoyablement les droits sociaux.  De  nombreux pays, grâce à des visions et une volonté forte de travailler sur le long terme, ont su en tirer des avantages, le cas exemplaire dans cette situation est la Chine.

Que serait devenue la Chine sans le libre-échange et le commerce mondiale. Mais les violentes secousses de la crise financière (2008), l’essor inquiétant de la Chine, la montée des populismes ont donné des arguments à d’autres critiques, avant que la pandémie de Covid-19 ne renverse la table. Pour comprendre ce qui a changé, il faut considérer à la fois l’apparition de nouvelles critiques et la fragilisation d’éléments en faveur de la mondialisation qui avaient fini par faire consensus. Les nouvelles critiques ont en commun d’être formulées non pas comme une mise en cause radicale du système capitaliste, mais comme des inquiétudes sur le rythme, l’ampleur et la nature des transformations qui le traversent.

Pour affronter l’incertitude et les risques qui lui sont associés (les différentes sécurités évoquées plus haut), ce n’est certainement pas avec les institutions et les démarches et méthodes en cours en ce moment. Il faut s’armer d’institutions solides, dotées de ressources humaines qualifiées et d’une vision ou un projet national mobilisateur qui donne à chacun et à tous l’opportunité de se positionner en fonction de ses attentes, de ses capacités et de ses ambitions. Ce n’est certainement pas dans une loi de finance annuelle et souvent semestrielle qu’on traite l’incertitude, la complexité et les différents enjeux.

Le retour du souverainisme dans chaque pays implique des stratégies et des capacités d’anticipation pour construire des pouvoirs de négociation. Le souverainisme économique ne supprime jamais l’échange international des marchandises, mais fixe de nouvelles règles de négociation en fonction des rapports de forces en présence. Le système éducatif doit être au premier rang des transformations à opérer. Il ne s’agit pas seulement de revoir les programmes et les horaires, ceci est relativement facile, mais de réfléchir sur les capacités cognitives des futures acteurs de l’économie, à commencer par la formation au goût du long terme et de l’effort cumulatif au lieu de l’immédiateté qui ne produit que des échecs.

L’exemple nous vient, encore une fois, des Etats Unis. Les étudiants des plus prestigieuses universités américaines (Columbia, Harvard, MIT, Berkeley, …..) se révoltent contre le génocide organisé à Gaza avec la complicité de leur propre gouvernement. Ces étudiants sont les décideurs de demain. Depuis le 7 octobre, c’est la première fois que l’establishment américain et même Israélien a été secoué de manière décisive ; pourtant d’autres formes de manifestation contre « l’apartheid » pratiqué par les sionistes sur la population Gaza, mais qui n’ont pas eu le même effet. Ce sont des étudiants, venant de milieux aisés et se préparent pour les grandes fonctions dans le complexe militaro-industriel, la finance internationale et les organisations d’influence.

Donc le capitalisme sauvage, sans morale, est touché dans ses fondements, ses élites, son système de pensée. Gaza aura, peut-être, participé à la naissance d’un monde nouveau, plus juste, plus humain. Avec ce monde, peut-être, on pourra faire face aux menaces sur le monde : le dérèglement climatique, la démographie, l’endettement, la protection sociale, …A Paris, c’est à Science Po et à la Sorbonne (réservoir des élites économiques et politiques)  que le mouvement s’installe et qui commence à être vu comme une vraie menace pour la classe politique et les organes de presse formatés sur Israël. La leçon qu’il faut retenir, c’est la qualité de la formation des élites qui fait la différence.

ANOUAR EL ANDALOUSSI

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