21/12/2024
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Chronique Eco: Les défis du prochain mandat psésidentiel.

Quatre chroniques seront consacrées aux questions économiques et financières pour présenter les vrais enjeux pour le pays et certainement des défis pour le prochain mandat. 

1. Le redimensionnement de la sphère publique.

Comme beaucoup d’économies en développement, les problèmes économiques de  l’Algérie ne sont ni récents, ni de nature conjoncturelle. Ils sont le résultat de contextes national et international et de choix politique sur la longue période. Ils résultent en grande partie de la mise en place, au lendemain de l’indépendance, d’une sphère publique surdimensionnée. Ceci a été une réponse à la demande démesurée de la société à l’indépendance (voir notre précédente chronique). A ce contexte de l’indépendance, va s’ajouter des choix  du système politique et du modèle économique à orientation socialiste. Après plus de 60 ans de notre indépendance et près de 40 ans de l’abandon de l’option socialiste et de l’adhésion à l’économie de marché, rappelée périodiquement avec, toutefois, une nuance forte : une économie sociale de marché, la taille de la sphère publique n’a jamais diminuée. La dernière constitution (1996, révisée en 2020) a consacré (art. 61) la liberté de commerce, d’investissement et d’entreprendre. Dans les faits, malgré des réformes législatives et réglementaires dans  ces domaines (par ex. loi sur l’investissement 2022), des contraintes et des obstacles persistent encore. Sur ce même registre, une économie de marché est une économie où la concurrence sur les marchés est la règle cardinale, or à ce jour l’Etat n’arrive pas à se doter d’une politique de la concurrence. In fine, le contexte historique, l’évolution économique et politique, la concentration des ressources naturelles entre les mains de l’Etat et la recherche de la cohésion nationale ont favorisé un élargissement massif de l’intervention de l’Etat dans toutes les activités sociales et économiques. Dans l’absolu, une telle situation est tout à fait légitime, au plan social et politique ; cependant au plan économique, elle peut ne pas être efficiente et efficace : volume des dépenses budgétaires incontrôlables,  gaspillage, éviction des activités non directement insérées dans cette sphère publique…Plus particulièrement la dépense publique, elle risque de ne pas être soutenable avec l’augmentation des besoins et la croissance démographique.  Cet élargissement de l’intervention de l’Etat, souvent présenté comme une exigence pour concrétiser les idéaux de la révolution d’indépendance en termes de justice sociale, n’est pas sans conséquences sur les comptes publics, la croissance économique et surtout sur l’aversion pour le travail, la tendance à la prédation,  la croissance inconsidérée des demandes sociales (logements subventionnés, enseignements et santé, énergies, protection sociale tous azimuts…). A moyen et long terme, cette situation peut ne pas être soutenue si les principales ressources du pays (hydrocarbures) venaient à dégager moins de revenus (effets quantité et prix à l’exportation).  Le prochain gouvernement doit s’atteler à revoir le dimensionnement de la sphère publique d’une part et à revoir l’efficacité de la dépense publique en termes d’allocation efficiente des ressources et de rendements de celles-ci.

La démarche de rationalisation devra viser d’abord un redimensionnement de la sphère publique autour du service public traditionnel ou universel dans le sens d’inclure les besoins collectifs, en termes de biens publics (biens non marchands), comme l’éducation, la santé, les infrastructures et services associés… et des services  de protection et de solidarité (protection sociale, personnes à handicap, logement social, etc. Un autre dimensionnement est celui de l’intervention de l’Etat dans la sphère des subventions directes ou indirectes. C’est dans cette sphère que l’Etat peut dégager des économies substantielles. On ne peut continuer à donner des logements au tiers ou le quart de leur prix à tout le monde, situation qui a conduit à une sous-occupation de ces logements en attendant de les revendre en dégageant une rente substantielle au détriment des citoyens qui attendent le logement social depuis plusieurs décennies. Le même phénomène est observé dans la surconsommation de l’énergie et de l’eau en raison des tarifs appliqués à ces produits. La tarification de l’énergie est tellement basse, comparée aux autres pays, que certains investisseurs dégagent des rentes importantes en exportant des produits hautement énergivores. C’est le cas notamment du ciment (55% du coût de production est constitué d’énergie) et de l’acier (45% au moins). Les exportateurs de ces produits n’ont aucun mérite lié à leur productivité ou à leur compétitivité hors énergie ; on dit que ces entreprises exportent, à travers le Clinker et l’Acier, le gaz à un prix (subventionné) très inférieur au prix international. Le cas des entreprises publiques économiques sera abordé dans une prochaine chronique. 

2. Restructuration des secteurs et du SPM (chronique du jeudi 15 Aout)

ANOUAR EL ANDALOUSSI

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