Entrepreneuriat féminin en Algérie: Beaucoup reste à faire …
L’entrepreneuriat féminin est un facteur essentiel pour la création, le fonctionnement et la croissance des entreprises, et par voie de conséquence pour la croissance économique nationale. Son rôle dans la lutte contre le chômage et la création de richesses est de plus en plus ressenti.
L’entrepreneuriat féminin a remarquablement progressé en Algérie mais reste toujours lente et demeure au stade embryonnaire. Beaucoup de choses restes à faire, dira la présidente de l’Association des Femmes Algériennes Chefs d’Entreprises « S E V E », en l’occurrence Chahrazed Saâdi.
Indiquant que le nombre de femmes inscrites au registre du commerce (CNRC) est de 168 000, l’intervenante, qui s’exprimant hier lors de son passage au Forum d’El Moudjahid a fait savoir que le nombre de femmes engagées dans le monde entrepreneurial est faible par rapport à la moyenne mondiale. « Nous constatons de plus en plus l’engagement de la femme dans ce domaine. Toutefois, il y a des manquements qu’on doit tous travailler afin de relever le défi et d’augmenter le taux actuel qui ne dépasse pas les 17%. Un niveau faible par rapport à la norme mondiale (entre 20 à 25%)», a souligné Mm Charrazed.
Cette situation est du principalement aux manques d’information, difficulté du financement et manque de visibilité dans la stratégie de l’Etat, qui avait donné l’importance à la rente pétrolière au détriment de l’investissement, résume l’intervenante. Le discours vient d’être changé, et le gouvernement oriente ses efforts vers l’investissement productif et encourage l’entrepreneuriat.
Pour elle, le moment est venu pour trouver des solutions à cette problématique pour la frange féminine, représentant la moitié de la société algérienne. En effet, il est inconcevable que 60% des diplômés en Algérie sont des femmes, et enfin du compte peut d’entre elle contribue au développement économique du pays. C’est une perte sèche pour l’investissement de l’Etat. Des milliards de DA sont consentis annuellement pour le secteur de l’enseignement supérieur et de la formation, sans être optimisés et rentabilisés ! Ainsi, selon les chiffres officiels, 20% des femmes diplômées sont en chômage. La présidente de la SEVE affirme que dans notre pays « l’homme est avantagé en matière d’employabilité».
Tous cela, « nous interpelle sur la nécessité d’aller vers la constitution d’un programme structurel pour les femmes», indique-t-elle. La volonté politique est là, affirme-t-elle, c’est à nous les femmes et organisations patronales pour baliser le chemin de l’entrepreneuriat féminin dans notre pays. «Nous avons 41% des fonctionnaires en Algérie sont des femmes, soit quelque 900 000 femmes et 1200 cadres d’Etat. Nous avons tous les critères pour réussir. Il suffit juste de lancer de vaste campagne de sensibilisation et de la communication dans le milieu féminine afin d’abord connaitre leurs difficultés réelles», indique Chahrazed Saâdi, en annonçant que des ateliers régionaux seront lancés incessamment (dès le mois de mars prochain » depuis la Wilaya d’El Taref.
Lancement en mars prochain d’ateliers régionaux sur l’entrepreneuriat
Placés sous le thème : « les perspectives de l’entrepreneuriat féminin dans le développement locale», ces ateliers seront une occasion pour inciter les femmes à l’entrepreneuriat et investir dans les créneaux recélant d’opportunités importantes dans telle région. En collaboration des autorités locales et avec l’appui du ministère de la numérisation, « nous allons effectuer un recensement sur les femmes en activité. Actuellement, nous avons un déficit énorme en matière d’information économique, et le chiffre de 168 000 femmes inscrites au CNRC ne reflète pas le nombre réel des chefs d’entreprises femmes en Algérie. Beaucoup de nos consœurs activent dans le domaine informel. Ces ateliers seront également une occasion pour les inciter à intégrer la sphère officielle et bénéficier des différents avantages qu’accorde l’Etat, en terme parafiscal notamment», détaille la présidente de SEVE.
Un travail de synthèse de ces ateliers sera présenté sous forme d’un plaidoyer pour les pouvoirs publics sur l’entrepreneuriat féminin. « Avec ce travail que nous souhaitons l’adhésion des institutions de l’Etat (ministères du Travail, de la jeunesse et des sports, et autres), la SEVE vise à la collecte de l’information sur les femmes en Algérie, notamment celles ayant des diplômes et connaitre les potentialités de chaque région».
Questionnée sur le nouveau Code de l’investissement et la nouvelle loi des finances 2023, la présidente de SEVE affirme que beaucoup de choses positives ont été apportées. Toutefois, elle déplore un manque flagrant en matière d’information et de sensibilisation. Pour illustrer ses propos, l’intervenant indique que des avantages et exonérations fiscales ont été introduites dans la LF 2023 dans le domaine de la pêche, à titre d’exemple, mais qui restent inconnu chez les investisseurs. Chahrazed Saâdi a plaidé pour la constitution de programmes de développement ciblés, tout en prenant les spécificités de chaque région.
Pour sa part, la vice président de SEVE, et chef d’entreprise, en l’occurrence Mme Beliboune a recommandé de consentir plus d’efforts en matière de la formation de la femme dans le domaine d’entrepreneuriat et également de faire sauter tous les barrières et obstacles d’ordres bureaucratiques dans le monde de l’entrepreneuriat. Dans ce cadre, estiment les deux intervenantes, que la mise à niveau de l’administration est plus que nécessaire. « Nous avons lancé des programmes de mise à niveau des entreprises, mais nous n’avons pas procéder à la mise à niveau de l’Administration. Elle doit être modernisée et digitalisée afin de faciliter les procédures de création de PME. L’Algérie a en besoin de 1 million et 200 000 PME pour être à la norme mondiale».
Par Sirine R