25/05/2025
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L’Algérie, leader africain des solutions hydriques innovantes

Dans un contexte de stress hydrique aggravé par les changements climatiques, l’Algérie se positionne aujourd’hui comme un acteur de premier plan sur le continent africain en matière de dessalement de l’eau de mer. Avec plus de 40 % de l’alimentation en eau potable (AEP) assurée par cette technologie non conventionnelle, le pays s’impose comme le premier investisseur en Afrique, et se classe deuxième à l’échelle méditerranéenne et arabe.

Selon Sofiane Zamiche, directeur du développement à l’Algerian Energy Company (AEC), l’Algérie a connu une progression fulgurante dans ce domaine. « Nous avons porté la contribution du dessalement dans le mix AEP de 18 % à 42 % en quelques années seulement », a-t-il déclaré au micro de la « Chaîne III » de la radio nationale. Un bond stratégique qui s’appuie sur un programme ambitieux d’extension et de modernisation des infrastructures. Aujourd’hui, 19 stations de dessalement sont opérationnelles à travers le pays, totalisant une capacité de production de 3,75 millions de mètres cubes par jour. Un volume appelé à croître avec l’entrée en service de cinq nouvelles stations situées à El Tarf, Béjaïa, Boumerdès, Tipaza et Oran. D’une capacité unitaire de 300 000 m³/jour, ces infrastructures ajouteront 1,5 million de m³/jour à la capacité nationale.« Chaque station est composée de plusieurs unités de dessalement. Nous procédons par montée progressive, de 50 000 à 300 000 m³/jour, en fonction de la demande et de la résilience du réseau de l’ADE », a expliqué M. Zamiche.

À l’horizon 2030, l’Algérie ambitionne d’atteindre une capacité totale de 5,5 à 6 millions de m³/jour, ce qui permettrait au dessalement de couvrir 60 % des besoins en eau potable du pays. Un nouveau programme de six stations est en phase de maturation. Il concerne les wilayas de Skikda, TiziOuzou, Jijel, Chlef, Mostaganem et Tlemcen, avec toujours une capacité de 300 000 m³/jour par station. Particularité de ces projets : ils seront conçus pour desservir des zones situées jusqu’à 150 km à l’intérieur du pays, assurant ainsi une plus grande équité territoriale. Conscients du caractère énergivore de ces installations, les pouvoirs publics misent sur une transition énergétique progressive. Les futures stations intégreront 30 à 35 % d’énergies renouvelables, notamment le solaire et l’éolien. Si la pose de panneaux photovoltaïques sur les toitures reste symbolique (contribution limitée à 0,2 %), l’accent sera mis sur la création de fermes photovoltaïques et éoliennes dans les Hauts Plateaux.

« Nous voulons réduire la consommation d’électricité d’origine fossile, mais aussi l’empreinte carbone de nos installations. C’est une exigence environnementale et économique », a-t-il précisé.

Valorisation de saumure sous-produit du dessalement

Le dessalement ouvre également la voie à de nouvelles pistes industrielles. Chaque jour, des millions de m³ de saumure sous-produit du dessalement sont rejetés en mer. L’AEC étudie la possibilité de valoriser cette saumure par l’extraction de minéraux stratégiques tels que le lithium, le sodium ou le magnésium. « Nous avons lancé plusieurs ateliers et études de faisabilité. L’idée est de créer des partenariats win-win avec les acteurs économiques, notamment pour les batteries lithium et sodium », a indiqué le responsable.

Autre piste à l’étude : la production d’hydrogène vert. Bien que freinée par des contraintes techniques et foncières, cette option pourrait voir l’AEC fournir une eau ultra pure pour l’électrolyse, nécessaire à la séparation de l’hydrogène. L’AEC ne compte pas avancer seule. Une convention cadre vient d’être conclue avec le ministère de l’Enseignement supérieur afin d’exploiter le potentiel scientifique des universités algériennes. « Beaucoup de projets de recherche dorment dans les tiroirs. Nous allons les concrétiser avec une vraie feuille de route », a assuré Sofiane Zamiche.

Forte de plus de deux décennies d’expérience, l’Algérie ambitionne également d’exporter son savoir-faire vers le continent africain. « Pourquoi ne pas devenir un leader régional du dessalement ? Nous avons les compétences, les installations et l’expérience pour accompagner les pays voisins », a-t-il conclu.

Par Mourad A.

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