Selon l’analyste Mourad Preure: L’énergie est au cœur de tous les conflits au Moyen-Orient
Les récents événements en Syrie et les évolutions géopolitiques au Moyen-Orient mettent en évidence un enjeu crucial : l’énergie est au cœur des conflits qui secouent cette région. Mourad Preure, expert en énergie et enseignant en stratégie, a souligné que ces tensions sont avant tout une lutte pour le contrôle des ressources énergétiques et des routes maritimes stratégiques.
Lors de son intervention sur les ondes de la « Chaîne III » de la Radio nationale, Mourad Preure a précisé que la dynamique qui se joue dans cette zone géographique pourrait transformer l’équilibre stratégique mondial. Pour lui, la situation en Syrie, mais aussi plus largement au Moyen-Orient, n’est rien d’autre qu’une bataille pour maîtriser les sources d’énergie. Il insiste sur l’impact que cela aura sur plusieurs pays de la région, notamment l’Iran, qui se retrouve aujourd’hui dans une position délicate. Selon l’expert, l’Iran, autrefois allié stratégique de la Russie, voit son pouvoir affaibli, et l’équilibre géopolitique de la région se fragmente. La chute de l’ordre régional actuel, selon lui, engendrera un désordre inévitable, marqué par une montée du chaos.
En ce qui concerne les marchés pétroliers, M. Preure évoque une situation paradoxale. Si les tensions actuelles n’ont pas encore provoqué de rupture significative dans l’approvisionnement, les marchés sont actuellement soutenus par un excédent d’offre. Toutefois, il avertit que cette stabilité n’est pas assurée à long terme, soulignant que personne ne peut prédire avec certitude l’évolution de la situation en Syrie et ses effets sur les prix de l’énergie.
« La situation actuelle en Syrie et au Moyen-Orient est une lutte pour le contrôle des ressources énergétiques et des routes maritimes stratégiques, avec des impacts sur l’Irak et l’Iran, qui perdent de leur influence régionale. Ce changement d’ordre entraîne un chaos incertain. Bien que les marchés de l’énergie ne soient pas menacés par une rupture d’approvisionnement, une légère hausse du prix du pétrole est constatée, mais cette situation pourrait être temporaire. Le pétrole et le gaz continueront de dominer la consommation mondiale d’énergie jusqu’en 2050, et toute perturbation de l’approvisionnement en Chine aurait des répercussions directes sur le Moyen-Orient, amplifiant ainsi les tensions », a déclaré Mourad Preure.
Sur la question de la transition énergétique, M. Preure est moins optimiste. Il considère cette transition, qui s’accélère, comme une illusion. L’expert va même plus loin en affirmant que ce changement radical nuit à certains secteurs, notamment l’industrie automobile. En citant l’exemple de grandes entreprises comme Volkswagen et Stellantis, qui subissent des pertes financières importantes, il démontre que la transition vers des énergies plus vertes pourrait avoir des conséquences économiques dramatiques. Selon lui, les hydrocarbures continueront de dominer la consommation énergétique mondiale jusqu’en 2050, représentant encore 50% des besoins mondiaux. Ainsi, les conflits liés à l’énergie ne sont pas prêts de disparaître.
Enfin, M. Preure aborde l’importance stratégique de la Chine, premier importateur mondial de pétrole et de gaz. Selon lui, toute tentative d’entraver l’approvisionnement en énergie de la Chine aurait des répercussions directes sur le Moyen-Orient. Ce constat souligne une vérité incontournable : l’énergie, avec son rôle central dans les relations internationales, continuera de nourrir les tensions au cœur du Moyen-Orient pour de nombreuses années encore.
Par Mourad A.