Aides aux entreprises en difficulté: Des solutions au cas par cas
Selon le ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, Ali Aoun, l’assistance aux entreprises économiques publiques, en difficulté, se fera «au cas par cas» et «en fonction de la spécificité de chaque activité». Dans la loi de finances pour 2024, un montant de 200 milliards de dinars est prévu pour redresser les entreprises en difficulté. Il est question d’apurer les dettes de ces entreprises publiques en jouant sur la baisse du taux d’intérêt entre autres. Mais toutes ne sont pas automatiquement éligibles à leur redressement.
L’accompagnement financier des entreprises publiques en difficultés se poursuit donc. L’Etat, qui a dégagé dans le cadre de différents programmes d’importantes enveloppes financières pour voler au secours de ces entreprises, revient à la charge en inscrivant ce dossier parmi ses priorités en 2024. Et ce, pour un montant global qui tournerait autour des 170 milliards de dinars, dont 40 milliards de dinars seront dédiés à la prise en charge des assiettes foncières.
Pour ce ministre, qui a fait cette déclaration à la presse, «Les mesures prises précédemment pour aider certaines entreprises ont été étudiées, en fonction de la situation de chaque entité ou groupe industriel. De la même manière, les mesures nécessaires seront prises aujourd’hui».
Et de souligner que l’organisation actuelle de certaines entreprises et leur mode de fonctionnement ne leur permettent pas de répondre aux besoins du marché et donc de transcender les difficultés.
Citant l’exemple du groupe public de fabrication et de réparation navale « Ecorab » à Bouharoun, il souligne que ce groupe « a réussi à se redresser d’une situation financière difficile grâce à un plan de relance efficace élaboré par ses dirigeants». Beaucoup s’interrogent de savoir, alors que les difficultés financières de ces entreprises, ne font que s’allonger et que leurs performances sont loin d’être au rendez-vous, et alors qu’ayant déjà bénéficié par le passé de dispositifs de rééchelonnement de leurs dettes fiscales, quel serait l’impact de cette aide éventuellement.
L’année 2024 est aussi placée sous le signe de la relance du secteur des entreprises économiques. Si certaines sont appelées à maintenir le cap de la performance, d’autres se doivent de rebondir pour se mettre au diapason de la compétitivité. Quels modus operandi à mettre en place ? D’ou la nécessité d’une mise en place des ces aides au cas par cas. Toutes ne sont pas égales, pour être éligibles, ayant chacune ses propres spécificités. Et pourtant même l’attribution des crédits à ces entités a été depuis quelques années conditionnée par la signature de contrats de performance, comme c’est le cas d’ailleurs pour les entreprises publiques économiques (EPE).
Ce que le ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, a rappelé à maintes reprises, mettant l’accent sur le recours aux contrats de performance pour mieux répondre aux attentes du marché et du secteur industriel et économique.
D’ailleurs, c’est un point sur lequel les responsables du secteur des Finances ont déjà insisté, soulignant que l’appui financier de l’Etat aux entreprises publiques ne peut se faire sans la modernisation du mode de gestion. Il est même question qu’un cahier des charges définissant les conditions d’accès de ces entreprises au soutien financier étatique soit mis en place. De leurs point de vue, des spécialiste insistent qu’il faut avant tout identifier avec acuité les dynamiques majeures qui façonneront l’économie algérienne en 2024. Qu’elles soient publiques ou privées, ces entreprises, doivent transcender leur fonctionnement isolé et s’insérer harmonieusement au sein d’une chaîne de valeur complète, abandonnant ainsi les méthodes individuelles d’approvisionnement et de distribution.
Cette démarche, loin d’être un simple mode, devient une nécessité stratégique pour accroître la compétitivité, catalyser l’innovation et assurer une croissance pérenne. Même si cela n’a pas été dit clairement, certains pensent que pour réussir, l’organisation des entreprises en filières, basée sur leurs compétences et complémentarités, s’avère cruciale.
Ces entités auront ainsi, l’occasion de tirer parti des initiatives gouvernementales telles que les avantages énergétiques, les incitations à l’investissement et les mesures fiscales avantageuses. De surcroît, elles sont bien placées pour répondre à la demande croissante des marchés nationaux et des partenaires internationaux, grâce aux accords de libre-échange stratégiquement conclus par l’Algérie
Pour les entreprises déjà en pole position sur leur marché, leurs pérennités dépendent exclusivement de leur capacité à évoluer constamment. En adoptant une approche basée sur les filières, elles peuvent consolider leur position dominante en renforçant leur compétitivité. Cette intégration stratégique leur permet non seulement de garantir une croissance soutenue, mais aussi de s’adapter aux évolutions des besoins des consommateurs et des dynamiques des marchés mondiaux.
Il faut rappeler que concernant les entreprises publiques, nombre d’entre elles ont bénéficié du soutien de l’Etat par le passé, que ce soit par des injections financières ou des tentatives de privatisation. Cependant, ces interventions n’ont pas toujours abouti aux résultats escomptés. Il est donc essentiel d’adopter une approche prudente et individualisée, en évaluant méticuleusement leur situation. D’ou l’étude au cas par cas privilégiée par les pouvoirs publics. Cette prudence est cruciale et justifiée pour prévenir d’éventuelles répercussions négatives sur les finances publiques, surtout si ces entreprises ont négligé leurs infrastructures et leurs outils de production.
Par Reda Hadi