18/09/2025
ACTUALITECHRONIQUECHRONIQUE/EDITO

Chronique Eco: Faut-il avoir peur de l’Inflation ?

Spread the love

Souvent les économistes, comme les banquiers centraux comparent l’inflation au lait sur le feu. Il faut le surveiller et tout « débordement » peut avoir des effets catastrophiques. En même temps, ils se posent la question : surveiller le lait proprement dit ou le feu. ? C’est-à-dire surveiller le phénomène (débordement, qui correspond à l’inflation) ou les causes de ce débordement ? Alors surveiller les causes, c’est de l’anticipation, de la régulation, de la politique monétaire ; surveiller le phénomène (hausse des prix, inflation), c’est de la routine, de l’observation, du constat qui doit conduire à l’intervention pour limiter la hausse dans le temps en agissant sur les causes. Une fois l’inflation installée, il est très difficile de la déloger dans une courte période et dans tous les cas elle laisse des traces. Par contre surveiller les causes (commerce extérieur, taux de change, création monétaire et politique budgétaire, crédit à l’économie, taux de croissance…..) peut aider à limiter la survenance de l’inflation ou au moins limiter son niveau et ses effets, et même permet d’agir sur les causes principales.

En 2022, l’inflation a été de 9.3% (données IFM et WB), en 2021, le taux était de 8.5%. Ces niveaux post Covid19 sont élevés et jamais atteints depuis 2012 (9%). L’explication, par le seul Covid19, n’est pas convaincante. Dans le monde l’inflation continue de sévir dans beaucoup de pays et parfois à des taux très élevés (>10% dans les économies importatrices de l’énergie (Europe par Ex.). Mais nous importons des marchandises de ces pays et avec elles l’inflation. Soit, alors quid des produits locaux, produits agricoles frais, les viandes rouges et blanches? La sècheresse est passée par là, c’est vrai. Entre l’inflation importée, l’inflation post-Covid19 et la sécheresse, l’équation se complique. On continuera à beugler le phénomène en attendant des jours meilleurs ?  Attention, l’inflation installée dans la durée est le phénomène économique le plus dévastateur ; plus que le chômage (ex. Egypte qui a connu une inflation à 30% se trouve aujourd’hui en situation de demander un rééchelonnement de sa dette). L’inflation touche tout le monde, ceux qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas. Subventionner les prix des produits dits de base risque de devenir insoutenable sur longue période. C’est pourquoi, il faut s’attaquer aux causes et répondre à la fois par des politiques conjoncturelles (subventions, contrôle, régulation en amont,…politique fiscale dans le cadre de la loi Finance complémentaire….) et surtout par des réformes structurelles (diversification de l’économie, politique du commerce extérieur, politique budgétaire et fiscale : aujourd’hui l’impôt qui rapporte le plus à l’Etat est l’impôt sur les revenus).

Les politiques conjoncturelles sont accommodantes, mais elles ne règlent les problèmes que dans la conjoncture, elles laissent se reproduire les causes structurelles. L’investissement productif ne démarre pas (si l’on observe la demande de crédits par le secteur privé (croissance de 20% en 2022, taux le plus bas depuis 2014) ; quant aux IDE, ils ont pratiquement disparus. Avec la nouvelle loi sur le foncier industriel (en cours d’adoption par la 2ème chambre et sa promulgation avant fin octobre 2023), il faut espérer une reprise de l’investissement productif national et étranger, car le foncier constitue (en Algérie) la principale contrainte à l’investissement. En effet, avec cette loi, on aura achevé le dispositif de promotion de l’investissement amorcé par la loi sur l’investissement (dispositif AAPI). La ré-industrialisation du pays doit être l’objectif central des politiques économiques à venir. Pas de diversification, sans réindustrialisation, pas d’exportation sans une politique d’industrialisation du pays.

ANOUAR EL ANDALOUSSI

Publicité

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *