Expansion des énergies renouvelables en Algérie: Ce que révèle le rapport de la CEREFE
Le rapport du Commissariat aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique (CEREFE) dresse un bilan prometteur des réalisations en Algérie entre 2020 et 2023, témoignant d’une dynamique croissante dans le domaine des énergies renouvelables. La fin de l’année 2023 marque une étape importante dans le domaine des EnR avec une capacité installée atteignant 600,9 MW, dont une large part hors hydroélectricité, reflétant une progression constante bien que le potentiel national reste encore partiellement inexploité. Le secteur des énergies renouvelables est en pleine expansion, soutenu par des projets ambitieux qui devraient permettre de dépasser les 4.000 MW de capacité installée à terme.
L’essor remarquable du solaire photovoltaïque se distingue particulièrement, avec une multiplication des installations, notamment à travers des kits solaires hors réseau qui participent de manière significative à l’électrification des régions éloignées. Ce développement se concrétise par la réalisation prévue de 21 nouvelles centrales photovoltaïques à travers les wilayas du pays, dont celle de Gara Djebilet, qui à elle seule totalisera une capacité de 3.200 MW. Ces projets s’accompagnent de l’hybridation des centrales diesel ou à turbines à gaz dans le sud du pays, illustrant une stratégie d’intégration du solaire dans les régions les plus isolées.
Sur le plan industriel, l’émergence de bureaux d’études et d’entreprises spécialisés dans les systèmes solaires souligne la vitalité du secteur. L’Algérie voit naître un tissu industriel solide avec six usines de montage et d’encapsulation des modules photovoltaïques, une infrastructure essentielle pour asseoir l’indépendance énergétique du pays et soutenir l’expansion des énergies renouvelables. Le ministère de l’Énergie et des Mines (MEM) a d’ailleurs procédé en 2023 à l’attribution provisoire des marchés pour la réalisation des projets « 2.000 MW » et « Solar 1.000 MW », visant respectivement la construction de 15 et 5 centrales solaires photovoltaïques dans diverses wilayas du pays.
La formation des compétences joue un rôle clé dans cette transition. Le rapport met en lumière un accroissement significatif du nombre de diplômés dans les spécialités liées aux énergies renouvelables, un atout précieux pour accompagner la croissance du secteur et assurer la pérennité des projets en cours. Parallèlement, l’infrastructure solaire continue de se développer avec des centrales hybrides en cours de réalisation dans des régions comme Adrar, Béchar, et Tindouf, renforçant ainsi le réseau énergétique national.
Dans le contexte énergétique global de l’Algérie, le pays est fortement dépendant des hydrocarbures pour ses recettes budgétaires et ses exportations. Cette dépendance a poussé le gouvernement à diversifier son mix énergétique en se tournant vers les énergies renouvelables (EnR) et l’hydrogène vert, alignant ainsi sa stratégie avec les Objectifs de Développement Durable et le Plan National Climat. Le gouvernement s’est fixé des objectifs ambitieux, dont la production de 15.000 MW d’énergies renouvelables d’ici 2035 et le développement d’une filière d’hydrogène vert principalement orientée vers l’exportation. La stratégie nationale de l’hydrogène, publiée en mars 2023, met en avant des objectifs à atteindre d’ici 2025, tels que la diversification du mix énergétique, la constitution d’un hub pour la production et l’exportation d’hydrogène, la maîtrise technologique de la chaîne de valeur de l’hydrogène, et la réduction de la consommation locale en hydrocarbures.
En comparant les objectifs tracés avec les réalisations actuelles, il est évident que l’Algérie a fait des progrès significatifs, notamment avec les capacités installées en énergies renouvelables qui continuent de croître et les projets d’envergure qui sont en cours de réalisation. Toutefois, l’objectif de 15.000 MW d’ici 2035 reste ambitieux, nécessitant une accélération des efforts pour combler l’écart entre les capacités actuelles et les projections futures. L’introduction de l’hydrogène vert représente également un défi de taille, tant au niveau technologique qu’institutionnel, pour lequel une stratégie claire et un soutien international seront cruciaux. Malgré ces défis, les bases solides posées ces dernières années montrent que l’Algérie est sur la bonne voie pour réaliser sa transition énergétique, bien que des efforts supplémentaires soient nécessaires pour atteindre pleinement les objectifs fixés.
Par Mourad A.