D’une valeur marchande de 200 milliards de DA: La gestion des déchets, un créneau porteur
Le recyclage et la valorisation des déchets sont un créneau porteur. Des opportunités immenses se présentent dans le domaine de la gestion des déchets, d’autant que la valeur marchande des déchets dépasse les 200 milliards de DA. C’est un véritable gisement d’emplois, de valeur ajoutée et développement de nouvelles filières économique
En effet, toute une chaîne de valeur est à créer en consentant des investissements dans ce domaine de traitement des déchets, d’abord en protégeant l’environnement et la santé publique, et également à la création de l’activité.
Selon le directeur général de l’Agence nationale des déchets (AND), Karim Ouamen, les opportunités d’investissement dans le domaine du traitement et valorisation des déchets sont énormes. À titre d’exemple, seulement 32% de capacités de traitement industriel du plastique sont installées. En d’autres termes, il reste 68% à investir. Donc, le potentiel existe et le marché des déchets se développe davantage. Il suffit de mettre les mécanismes nécessaires et les outils pour le décollage de cette filière et d’atteindre les objectifs fixés par le ministère de l’Environnement et des EnR.
L’invité du Forum d’El Moudjahid a rappelé que la tutelle vise la valorisation de 30% de nos déchets d’ici 2035, alors le taux, actuellement, ne dépasse pas les 10% (9,83% selon les derniers chiffres) et la création de 15 000 emplois. Si l’Algérie réussi dans la valorisation de 30% de ses déchets, pas moins de 45 000 emplois seront créés à l’horizon 2035!
Des démarches ont été entreprises afin de promouvoir l’économie circulaire dans notre pays. Pour Karim Ouamen, le recyclage va nous aider dans la gestion et maîtrise des déchets et également la création d’emplois, mais « nous devons engager d’autres pistes afin de réduire la production de certains produits à la source».
Nécessité implication du secteur privé
Pour lui, la gestion des déchets est coûteuse, nécessitant la mobilisation de fonds important. L’implication du secteur privé est plus que nécessaire pour réduire les charges sur le Trésor public et surtout les collectivités locales et également pour garantir une gestion économique des déchets. Pour cela, la mise en place d’un dispositif incitatif et d’accompagnement pour les investisseurs est également nécessaire.
Outre l’implication du privé, il a nécessité, dira-t-il, de lancer de vastes campagnes de sensibilisation de l’opération du traitement des déchets, l’implication de la société civile et la mise en place d’un système de collecte efficient. En clair, une approche participative est plus que recommandé, avec la mise en place de mécanismes adéquats pour la valorisation de nos déchets.
La ministre de l’Environnement et des EnR, Fazia Dahleb avait annoncé que le gouvernement compte mettre sur pied un plan national de recyclage et de valorisation des déchets, dont les quantités sont en constante augmentation. Il sera question de la création d’une commission interministérielle qui sera chargée de la mise en place de ce plan national.
La ministre de l’Environnement a tenu à préciser que seuls 7 % des déchets inertes produits en Algérie sont recyclés. Selon elle, cette question n’est pas l’apanage de son département seulement et que le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales est concerné également par la collecte et la gestion de ces déchets. La ministre a évoqué aussi la question de la saturation des centres d’enfouissement technique (CET), causée notamment par le volume colossal des déchets et la rareté des assiettes foncières qui empêche l’extension ou la réalisation de nouveaux centres. Ceci a encouragé l’installation de dépotoirs anarchiques, a déploré la ministre.
12,6 millions de tonnes de déchets en 2022
Une étude réalisée par l’Agence nationale des déchets (AND) sur le volume des déchets ménagers et dérivés à travers le territoire national sur la période 2019/2021 a fait ressortir une moyenne de 0,68kg/personne/jour en 2021 pour un quantité de 11,1 millions de tonnes de déchets produits la même année, a relevé la directrice de gestion intégrée des déchets à l’Agence, Fatma Zohra Barça. Pour cette année, la quantité des déchets a augmenté pour atteindre 12,6 millions de tonnes, soit un ratio de 0,76 kg/personne/jour.
En outre, l’intervenant a indiqué que l’AND a élaboré une base de données pour la récupération des déchets, et ce, dans le but d’inciter les investisseurs à s’intéresser à ce segment d’activité. Le nombre d’opérateurs est en nette augmentation. Il est passé de 2900 en 2014 à 3090 en 2021, soit une hausse de 30%. Pour cette responsable, il y a un intérêt particulier pour le traitement et valorisation des déchets. D’ailleurs, durant 2022 et 2023, « nous avons recensé 3200 opérateurs en activité dans ce domaine, selon les derniers chiffres du CNRC », indique-t-elle. Concernant le traitement des déchets dangereux, la responsable a fait savoir qu’entre 35 000 à 40 000 tonnes sont générés annuellement, dont le traitement est pris en charge par 80 opérateurs. En somme, un grand travail est cours par les différents intervenants afin de valoriser et de maîtriser la gestion des déchets. La stratégie nationale mise en place par le secteur, qui a pour objectif de parvenir, à l’horizon 2035, à la valorisation des déchets au lieu de leur enfouissement, à travers l’exploitation de 30% des déchets ménagers, 30 % des déchets spéciaux et 50 % de déchets inertes.