22/05/2025
ACTUALITECHRONIQUECHRONIQUE/EDITOCONTRIBUTION / CHRONIQUE

Chronique Eco: Les institutions de Bretton Woods ont-elles encore une raison d’être ?

La célébration du 80ème anniversaire de la fin de la deuxième guerre mondiale (8 mai 1945) ne peut passer inaperçue cette année. En effet, le monde est dans une situation, à tous les plans, catastrophique.

Des guerres au cœur même de l’Europe, des nationalismes de plus en plus exacerbés, une misère de plus en plus étendue, des conflits dans les pays du Sud héritées de la période coloniale, même un  génocide sous les yeux  d’un occident bienveillant et même complice d’une nouvelle forme de nazisme, le sioniste promu au lendemain de la seconde guerre mondiale  par un  cet occident « vainqueur » du nazisme et du fascisme du siècle dernier. L’économique n’est pas en reste dans ce paysage macabre,  noir du monde d’aujourd’hui.

En 1944, les ministres des Finances des vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale se sont réunis à Bretton Woods (Etats-Unis), où ils ont tracé les grandes lignes de la reconstruction et des politiques économique et financière de l’après-guerre. Pour en assurer la mise en œuvre, deux organismes ont vu le jour : la Banque Mondiale, ou Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD) et le Fonds Monétaire International (FMI). Cette idée d’organiser l’ordre mondiale économique et financier revient à Keynes, bien avant la Guerre. L’objectif étant d’assurer la  stabilité monétaire entre les pays en gardant une parité fixe entre les monnaies. Ainsi, le régime de changes flottants, avec ses risques de dévaluation des monnaies nationales,  est remplacé par un régime de changes fixes au sein duquel le dollar devient la seule monnaie à être convertible en or. Jusqu’ici, le mécanisme semble cohérent et les deux nouvelles institutions avaient, à la fois des missions de surveillance (surtout le FMI) mais aussi d’intervention, en cas de dérives et surtout de soutien au développement des pays sous-développés (la mission de la Banque Mondiale). De 1946 (année de mise en place des institutions) à 1973 (année de l’arrêt définitif de la convertibilité du Dollar en Or), le nouveau système a accompagné les trente glorieuses et la reconstruction de l’Europe.

En 1971, le président américain Richard Nixon annonce unilatéralement la suspension de la convertibilité du dollar en or.

A partir de cette date donc (1971), le dollar n’assure pas sa fonction de régulateur et de stabilisateur du système monétaire.  En principe sa non-convertibilité en or  lui ôte toute fonction privilégiée ou pouvoir exorbitant. Pourtant, le dollar a continué être la monnaie de réserves et d’échanges.   Actuellement, 62%  des réserves de changes et 70%  des échanges sont en dollars ; l’Euro ne représente que 21% des réserves. La puissante Chine détient 3600 Mds de Dollars en réserves. C’est dire la puissance du dollar dans l’économie mondiale. Avec ce statut du dollar, les USA se financent par la création monétaire à volonté grâce à la demande des dollars par les autres économies, ainsi 3800 Mds de dollars sont détenus par les banques centrales étrangères. Cette situation n’était pas celle prévue par les accords de Bretton Woods. Aujourd’hui, elle n’est profitable que pour l’économie américaine. C’est pourquoi, il a été utilisé plus d’une fois comme arme contre les pays « indisciplinés » ; c’est le cas notamment des pays de l’Amérique latine lorsque le FMI a géré sa dette qui a mis plusieurs pays en faillite, sinon dans une pauvreté extrême ou des pays de  l’ancien bloc communisme en conditionnant toute assistance pour la transition à une adhésion sans réserve au FMI et surtout à son instrument le dollar. Dans les années 80, c’est le tour des pays africains (principalement) de passer sous les fourches Caudines du FMI avec une assistance parcimonieuse et conditionnelle de la Banque mondiale qui a brillé par sa trouvaille « La Gouvernance » comme condition cardinale de toute assistance ; les fameux Programmes d’Ajustement Structurel. Bien entendu, rien ne justifie et personne ne peut cautionner la corruption dans ces pays ; les dirigeants de ces pays sont souvent installés par cet Occident dominateur, dont la filiation remonte à la Conférence de Berlin de 1884 sur le partage de l’Afrique.

Le vice-président du FMI reconnait que l’institution a beaucoup changé et explique cette évolution comme suit : « Il n’y a pas eu de deuxième Bretton Woods, mais nous sommes aujourd’hui une institution très différente de celle qui a été fondée. Comment en sommes-nous arrivés là ? Parce que nous nous adaptons continuellement à notre nouvel environnement. » Tout est dit.

Le fondement du système a disparu en 1971(la convertibilité du dollar-or) ; mais le système est resté.

Au final, le système de Bretton woods et ses institutions directes auxquelles il faut ajouter l’OMC, sont devenues des « idéologies » pour maintenir un système de domination et de prédation.  

Le dollar règne sur l’économie mondiale. Son rôle restera-t-il, à court ou moyen terme, irremplaçable ?

L’économie mondiale a beaucoup évolué tant par sa structure (nouvelles technologies) que par ses acteurs (les nouveaux pays développés d’Asie et d’Amérique latine) ; mais a –elle atteint  un niveau de maturité pour opérer un changement des rapports de force ?  

L’ascension de la Chine et d’autres pays modifie radicalement le paysage mondial. Tandis que les pays émergents et les pays du Sud se développent et que les revenus convergent, la part des pays avancés dans la production mondiale devrait chuter, passant de plus de la moitié à environ un tiers dans les 25 prochaines années.

Pour le moment, le dollar reste la monnaie internationale incontestée. Mais plusieurs facteurs de changement sont à l’œuvre.
D’une part, la puissance économique se diversifie. La Chine – avec un PIB mesuré en parité de pouvoir d’achat – a dépassé les États-Unis depuis quelques années. Bien que le marché financier chinois soit encore très limité.
C’est l’utilisation du dollar comme moyen de pression politique sur les pays « non alignés » sur la puissance américaine qui va précipiter la chute de ce qui reste du système de Bretton Woods. Mais par quoi le remplacer ? C’est la question du moment et la réponse n’est pas pour l’immédiat.

ANOUAR EL ANDALOUSSI

Publicité

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *