19/04/2025
AFRIQUE

Afrique: Les projets de raffinage pétrolier ont de moins en moins de chances d’aboutir

Alors que le continent ne cesse de réclamer son droit de poursuivre l’exploitation de ses importantes ressources énergétiques fossiles pendant quelques décennies supplémentaires au nom de la justice climatique, l’industrie africaine du raffinage ressent déjà les dommages collatéraux de la transition énergétique en cours à l’échelle mondiale.

L’industrie du raffinage pétrolier en Afrique a du mal à attirer les investissements nécessaires pour répondre à la hausse de la demande de carburant sur le continent, en raison notamment de l’accélération de la transition énergétique, des surcapacités structurelles à l’échelle mondiale et de l’érosion de marges bénéficiaires des raffineries, selon un rapport publié le 8 juin par Ecofin Pro, la plateforme de l’agence Ecofin dédiée aux professionnels de plusieurs secteurs.

Intitulé « La difficile équation de l’industrie africaine du raffinage pétrolier », le rapport indique qu’à l’exception de l’Afrique du Sud, les plus grandes capacités de raffinage de pétrole en Afrique sont détenues par de grands producteurs d’or noir. Avec 833 000 barils par jour, l’Egypte disposait de la plus grande capacité de raffinage sur le continent en 2021 devant l’Algérie (677 000), la Libye (634 000), l’Afrique du Sud (520 000) et le Nigeria (486 000).

En 2020, le volume de produits pétroliers raffinés générés par l’ensemble des pays africains s’est établi à 1,8 million de barils par jour. Cela représente 2,4% du volume produit à l’échelle mondiale durant la même année. Entre 2009 et 2019, le volume de production des produits pétroliers a ainsi chuté de 1,2% sous l’effet du vieillissement des infrastructures existantes du manque d’investissement dans ce segment.

L’Afrique compte pourtant pour 4% de la demande mondiale de ces produits pétroliers finis. En 2021, le continent a même enregistré la plus forte croissance de la demande de ces produits pétroliers à l’échelle planétaire (+7,8%), avec des pics allant à +9,5% en Egypte et à +8,6% en Afrique du Sud.

Le Nigéria est le premier consommateur africain de produits pétroliers raffinés avec 173 millions de tonnes d’équivalent pétrole (tep) devant l’Afrique du Sud (137 millions), l’Egypte (101 millions) et l’Algérie (61 millions).

Un débat vif

Le rapport élaboré par notre confrère Olivier de Souza souligne que la majorité des raffineries en activité sur le continent fonctionnent en deçà de leurs capacités réelles, en raison notamment de problèmes de vétusté, du manque de maintenance et des investissements limités.

Au regard de ces facteurs opérationnels, l’Afrique exporte une bonne partie de sa production de pétrole brut vers les pays du Moyen-Orient et d’Europe. Dans ces régions, les frais d’exploitation des industries du raffinage sont plus abordables que ceux pratiqués dans les raffineries africaines. Dans ces conditions, les gouvernements africains privilégient les importations et les subventions aux carburants pour répondre à la demande croissante des produits pétroliers raffinés bien que la production africaine de brut soit plus que suffisante pour satisfaire la demande en produits pétroliers finis.

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