Forum algéro-chinois de l’investissement: Une nouvelle ère de coopération se dessine
La coopération entre l’Algérie et la Chine s’apprête à franchir un nouveau palier. Le 15 avril prochain, Alger accueillera le Forum algéro-chinois de l’investissement, un rendez-vous majeur qui vise à redéfinir les contours de la relation économique entre les deux pays. Organisé par l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères, cet événement rassemblera un grand nombre d’opérateurs économiques chinois et algériens autour d’ambitions renouvelées, bien au-delà des partenariats traditionnels.
Longtemps axée sur les secteurs de l’énergie, des mines et des infrastructures, la coopération entre Alger et Pékin cherche aujourd’hui à se diversifier. Si les projets comme le port de Cherchell, le développement du gisement de fer de Gara Djebilet ou encore la participation chinoise au projet autoroutier Est-Ouest témoignent du savoir-faire de Pékin dans ces domaines, l’heure est désormais à l’innovation. L’Algérie veut miser sur les technologies d’avenir pour transformer son économie : intelligence artificielle, robotique, agriculture intelligente, industrie automobile électrique, tourisme durable… autant de filières stratégiques qui seront au cœur des échanges lors du forum.
Cette volonté de changement s’inscrit dans la vision du gouvernement algérien, qui cherche à réduire la dépendance aux hydrocarbures et à créer des sources alternatives de richesse et d’emploi. Le secteur technologique, où la Chine détient une avance mondiale, apparaît comme un levier prometteur. Des partenariats universitaires en intelligence artificielle ont d’ailleurs déjà vu le jour entre des établissements algériens et chinois, posant les bases d’une coopération scientifique et technique approfondie.
L’agriculture figure également parmi les priorités. Grâce à ses vastes terres et à un climat propice, l’Algérie cherche à renforcer sa sécurité alimentaire. La Chine, dotée d’une solide expertise en matière de technologies agricoles, (comme l’irrigation de précision ou la surveillance par capteurs),pourrait jouer un rôle déterminant dans la modernisation du secteur. Des accords ont déjà été signés pour la culture du blé, de la pomme de terre ou encore des fruits secs, avec des provinces agricoles chinoises.
Autre secteur en pleine effervescence : l’industrie automobile. Des groupes chinois tels que Chery, Geely, Baic ou Great Wall Motors ont exprimé leur intérêt pour s’implanter en Algérie. Si les premiers projets se concentrent sur l’assemblage, l’objectif à moyen terme est d’évoluer vers une fabrication locale de véhicules électriques, accompagnée d’un transfert de technologie. Avec sa position géographique avantageuse, l’Algérie ambitionne de devenir un hub industriel pour les marchés africains et européens.
Le tourisme, souvent sous-exploité, pourrait lui aussi bénéficier d’un coup d’accélérateur. Plusieurs investisseurs chinois ont montré leur volonté de contribuer à l’aménagement d’infrastructures dans le sud algérien, avec des hôtels, des ressorts désertiques et des centres de formation dans les métiers de l’hospitalité. La richesse naturelle et culturelle du pays constitue un atout majeur dans cette optique.
Pour réussir ce tournant, la deuxième phase du partenariat sino-algérien devra reposer sur des bases solides : une vision stratégique, un environnement d’affaires transparent, et surtout une sélection ciblée de projets capables de générer de la valeur ajoutée et des emplois durables. Dans un contexte mondial marqué par des tensions commerciales et une course à la souveraineté technologique, l’Algérie joue une carte importante : celle de l’innovation et de l’intégration industrielle. La Chine, principal fournisseur de l’Algérie avec des échanges dépassant 9 milliards de dollars annuels, a tout à gagner dans cette alliance renouvelée. En misant sur la complémentarité, Alger et Pékin peuvent bâtir une coopération modèle Sud-Sud, tournée vers l’avenir.
Par M. A.