Mobilisation des eaux à l’irrigation: L’Algérie multiplie ses actions
Afin de faire face à la sécheresse, le ministère de l’agriculture multiplie ses actions et efforts pour la mobilisation des eaux nécessaires pour l’irrigation. Notant que le secteur agricole absorbe annuellement près de 70% de l’ensemble des volumes d’eau consommés au niveau national, soit 7 milliards de m3/an.
Les besoins devraient s’accroitre notamment avec l’ambition du gouvernement visant à renforcer la sécurité alimentaire, dont de nouveaux périmètres et superficies seront dédiées aux cultures stratégiques, le blé notamment.
Cette situation impose de facto la mobilisation d’autres ressources hydriques non conventionnelles. Si les projets de dessalement de l’eau, en cours de réalisation, seront dédiés exclusivement pour l’alimentation des populations en eau potable sur une profondeur de 150 km des wilayas côtières, le secteur agricole restera otage des pluies et des eaux stockées dans les barrages. C’est un véritable casse tête pour les pouvoirs publics et surtout les responsables du ministère de l’agriculture et ceux de l’Hydraulique. Ils sont appelés à travailler en synergie afin d’innover et trouver de nouvelles sources alternatives à la pluviométrie qui ne cesse de se diminuer d’année à autre.
D’ailleurs, il est prévu la signature prochainement d’une convention sur généralisation de la réutilisation sécurisée des eaux usées dans les activités agricoles entre le ministère de l’Agriculture et du Développement rural et le ministère de l’Hydraulique. L’annonce a été faite par le ministre du secteur, Mohamed Abdelhafid Henni, lors d’une allocution lue en son nom par le secrétaire général du ministère, Hamid Bensaad à l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation, célébrée cette année en Algérie sous le slogan: « l’Eau c’est la vie, l’eau nous nourrit. Ne laisser personne de côté ».
Ainsi, M. Henni a précisé que son département ministériel œuvre actuellement en coordination avec le secteur de l’hydraulique, à élaborer un projet de convention entre les deux secteurs sur la valorisation des réserves des eaux usées par l’irrigation agricole sécurisée à travers le recours aux techniques modernes d’épuration.
Sur la politique hydrique de l’Algérie, le ministre a affirmé que l’Algérie a placé la question d’exploitation durable des ressources naturelles, notamment l’eau, « au centre de ses préoccupations » et s’emploie actuellement à concrétiser des programmes sectoriels pour la mobilisation, la gestion et l’exploitation des ressources « de façon efficace et durable » pour développer l’économie nationale.
L’Algérie se situe dans une zone géographique dominée par le climat aride et semi-aride, ce qui fait qu’elle est «plus vulnérable» aux conséquences négatives des changements climatiques impactant directement la sécurité alimentaire et hydrique, a relevé le ministre.
Le ministre a rappelé les mesures prises pour faire face à cela, à l’instar du travail en cours pour la mise en place une nouvelle politique pour économiser l’eau, le lancement des projets de stations de traitement et d’épuration des eaux usées (STEP), la généralisation des stations de dessalement de l’eau de la mer, le contrôle stricte des autorisation d’exploitation des eaux souterraines, l’activation du rôle de la police des eaux, ainsi que la création des start-up spécialisée dans les techniques d’exploitation des eaux usées.
M. Henni a indiqué également que le ministère de l’Agriculture a consacré « un programme ambitieux » pour élargir les superficies irriguées qui ont atteint près de 1,5 million d’hectares en 2023, relevant que 67% de ces superficies sont équipées de matériels d’irrigations économes en eau.
En outre, il a salué «les mesures exceptionnelles» prises récemment par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, au profit des agriculteurs touchés par la sécheresse, relevant que le ministère lancera « prochainement », en coopération avec l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le deuxième recensement agricole général.
De son côté, le ministre de l’Hydraulique, M. Taha Derbal, a affirmé, dans un discours lu en son nom par le Secrétaire général (SG) du ministère de l’Hydraulique, M. Omar Bougueroua, que l’Algérie œuvre à mobiliser les ressources en eaux de différents types, traditionnelles et non-traditionnelles, mettant en avant l’importance de la coordination entre les différents acteurs en vue d’améliorer l’exploitation des eaux. De son côté, la représentante de la FAO a mis l’accent sur l’importance du traitement des eaux usées afin d’en tirer profit. Saluant le système d’irrigation traditionnelle « la Foggara » appliqué dans plusieurs wilayas du Sud, la représentante a appelé à sa généralisation eu égard aux avantages qu’il offre dans la préservation des eaux.
Par Sirine R