27/07/2024
ACTUALITEFINANCE

Situation du marché bancaire en Algérie à fin 2022: Les principaux constats

Plusieurs caractéristiques se dégagent du dernier rapport de la Banque d’Algérie (BA) sur la situation du marché bancaire en Algérie à la fin de 2022.

Dans une analyse adressée à notre rédaction par l’expert financier et consultant international, Rachid Sekak, a définit d’entrée un marché bancaire qui continue de se distinguer par une forte mobilité des bilans, tout en l’estimant à 22.003 milliards de DZD à la fin de 2022 contre 19.301 milliards de DZD à la fin de 2021 et de 15.943 milliards de DZD à la fin de 2020.

« On observe donc une hausse de 38% sur les deux derniers exercices et de 14% sur l’exercice 2022», note-t-il, en faisant savoir qu’en 2022, la progression a été plus rapide pour les banques publiques avec un bon de + 15,55% et de seulement 3,73% chez les banques privées.

En dépit de cette progression, le secteur bancaire algérien reste néanmoins de taille très modeste, estimée à environ 160 milliards de dollars (22 003 milliards de DA au taux de change de fin 2022 de 137,12 DA pour un dollar). Et que la capitalisation de la place représente un peu moins de 80% du PIB du pays, indique Sekak.  Le marché bancaire est également caractérisé par une domination large par les 6 banques publiques. Les chiffres de la BA sont à l’appui : le total de bilan des 6 banques publiques est de 19 366 milliards de DA et celui des 13 banques privées se situe à 2 638 milliards de DA.

« Les banques publiques représentent 88% du total de bilan de la place, avec une proportion en hausse par rapport à celle de 2021 qui s’affichait à 86,82% », précise le consultant international, en indiquant que la plus petite Banque publique, à savoir le BDL (banque de développement local) avec un total de bilan de 1.513 milliards de DA est plus de 3 fois supérieure à la plus grande banque privée (SOCGEN) qui dispose d’un bilan de seulement  441 milliards de dinars. Concernant la part des Banques islamiques, elle est en léger recul  à 2,45% du total de bilan de la place bancaire en Algérie contre 2,70 % en 2021. Il est à relever néanmoins un dynamisme plus fort chez Al Salam Bank, en enregistrant une hausse de 10% en 2022 que chez El Baraka, en baisse de 3,7% durant la même période.

Sur un autre registre, l’expert financier a observé dans son analyse la même domination au niveau de la configuration des réseaux. En effet, sur les 1626 agences bancaires existantes en Algérie, 1226  sont publiques (75%) et 400 seulement pour le privé, soit un taux de 25%.  Concernant les structures dédiées à la finance islamique, à fin 2022, 54 agences sont ouvertes soit un taux de 3,32%.

Les dépôts de la clientèle en hausse de 15,64%

Quant à la troisième caractéristique assortie de ce bilan de la BA, Rachid Sekak a souligné que la forte mobilité des bilans cache des évolutions contradictoires très significatives. Il a remarqué que les dépôts de la clientèle augmentent sensiblement de 15,64% en 2022. « Cette évolution trouve sa genèse dans la hausse des dépôts chez la BEA de 30.28 % (+886 milliards de DA par rapport a 2021). Cette hausse propre à la BEA, fortement liée au secteur des hydrocarbures, explique pour 46.21 % la hausse des dépôts observée chez les banques publiques. Pour les banques publiques, la hausse des dépôts de la clientèle s’affiche à 18 %», note-t-il, en relevant que la collecte des ressources par la collecte des ressources par les banques privées a été moins efficiente que par le passé avec une hausse de 3.40 % largement inferieure au taux d’inflation observe.

Notant la structures des dépôts comme suit : à vue : 42.78 % ; à terme : 52.20 % et garanties : 5 %, l’expert financier indique dans le même document que  « les banques publiques collectent plutôt des dépôts à terme (54.54 % de leurs dépôts) alors que les banques privées collectent plutôt des dépôts à vue (56.70 % de leurs dépôts). La banque d’Algérie relève que 41.63 % des ressources proviennent du secteur public et 58.37 % du secteur prive».

En somme, 1/3  des dépôts proviennent des ménages, 25 % des entreprises privées et un peu plus de 40 % des entreprises et organismes publics. Pour mémoire, les dépôts auprès d’Algérie Poste s’élèvent à 1348 milliards de DA, rappelle-t-il, en relevant l’importance des dépôts devises estimés à 1121 milliards de DA soit environ 8,2 milliards de dollars au taux de change de fin 2022.

Quant aux dépôts  tires de la finance islamique, ils sont globalement de 546 milliards de DA dont 442 milliards au niveau des deux banques islamique de la place  soit 80 %.

Les prêts à la clientèle stagnent

Dans un contexte ou les banques publiques participent à hauteur de 84.70 % aux crédits à la clientèle et les banques privées pour 15.30 %, « on observe que les prêts à la clientèle de notre système bancaire sont en légère hausse de 1.89 %(en contexte d’inflation évaluée à  9.70 %). La hausse chez les banques publiques a été de 1.86 % contre 2 % chez les banques privées», souligne-t-il, en notant que les prêts à la clientèle de la BEA sont en baisse sensible de 8.53 % sur l’exercice 2022. «Ils passent de 1.641 milliards à fin 2021 à 1.501 milliards à fin 2022. Les prêts de la BNA sont en hausse de 13 %. Ceux de la BADR augmentent  de 10.21 % et ceux  la BDL  de 4 %. A contrario, l’activité de crédit est en baisse aux guichets du CPA et de la CNEP», détaille-t-il.

Globalement, dira-t-il, pour notre économie, on peut relever que la hausse des dépôts observée suite à l’amélioration du prix des hydrocarbures ne s’est pas traduite par une hausse de l’activité de crédit. Ce constat soulève, ajoute-t-il, la question de la réalité du processus de relance qui est affiché par les autorités.

Il est à noter que la Banque d’Algérie a relevé que 57 % des crédits vont au secteur prive et 43 % au secteur public et que les banques publiques financent la quasi totalité des crédits au secteur public mais aussi les ¾ des crédits au secteur privé. Les banques privées sont absentes des crédits au secteur public et contribuent à hauteur de 25 % du montant des crédits au secteur prive.

Par Zahir R

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