Son prix ne cesse d’augmenter: Trop cher le mouton de l’Aid El Adha!
Quelques jours nous séparent de la fête de l’Aid El Adha. Ce qui aurait pu être un moment de recueillement religieux, tourne au cauchemar pour les chefs de famille, qui se disent pris en tenaille, entre l’obligation religieuse et les fourches caudines des spéculateurs. Cette année, au vu des prix pratiqués (entre 60 000 et 150 000 DA), beaucoup disent ne pas pouvoir se plier à ce rite. La situation est telle, que sur les réseaux sociaux beaucoup d’internautes se demandent si ces moutons sont nourris au « Nutella ».
Faut dire que les algériens allaient accueillir cette fête avec sérénité, après les propos tenus en Mai 2024 sur la chaine Echourouk News, par M Messaoud Ben Dridi, directeur général de la production agricole au ministère de l’Agriculture, qui affirmait que le ministère déploie tous ses efforts pour que les prix des moutons de Aïd al-Adha soient cette année à la portée des citoyens algériens.
Dans des déclarations à la chaîne Echourouk News, M. Ben Dridi a réitéré que l’État subventionne tous les aliments du bétail, en soutien aux éleveurs.
Sauf qu’à l’approche de cet évènement, de nombreux citoyens se tournent vers les moteurs de recherche, pour s’informer des prix des moutons cette année, suite à des rumeurs qui circulent sur une flambée des prix, certains évoquant même une multiplication par trois par rapport aux prix habituels.
D’après les statistiques officielles les plus récentes du ministère algérien de l’Agriculture, le cheptel ovin en Algérie ne dépasse pas les 17 millions de têtes.
L’année dernière déjà, les prix des moutons avaient connu une hausse record, et les observateurs redoutaient une nouvelle augmentation cette année.
Le premier défi est de trouver une bête à sacrifier qui soit un mouton, car ceux vendus à 50 000 DA, sont comparés à des « chatons »
Evidement dans ces circonstances, les yeux sont vite tournés vers les éleveurs, accusés à tort ou à raison d’être à l’origine de cette hausse, alors que les produits d’alimentation sont subventionnés.
De leur côté, les vendeurs de moutons avancent plusieurs justifications (Coût des aliments pour bétail en hausse, réduction du nombre d’éleveurs…), mais ces arguments ne font pas l’unanimité auprès des citoyens qui estiment que les prix pratiqués sont excessifs et ne reflètent pas l’augmentation des coûts de production.
A Kaidi, un quartier de Bordj El Kiffane, un acheteur est particulièrement désabusé : « Je suis venu avec l’intention d’acheter, mais les prix sont élevés. Il n’y a pas de moutons à 40.000 ou 50.000 DA. Il faut compter à partir de 100.000 DA et plus ». D’un air desabusé, il confie : « Je ne pense pas en acheter cette année ».
Particulièrement énervé, un éleveur lui répond : « Le prix des moutons n’est pas élevé ». Il argumente : « C’est le prix de l’alimentation qui est élevé : l’orge, la paille, le foin, le gardiennage, la main d’œuvre, l’eau. Pour tout cela, il faut de l’argent, tout se paye ». Tout en continuant sa diatribe il se justifie et ajoute « On nous dit que les animaux sont chers, mais le quintal de son est à 450 DA, la botte de foin à 140 DA et celle de paille est à 100 DA ». Il conclut : « Bien sûr que ces animaux ne sont pas chers ».
Alors en désespoir de cause, ils seront nombreux cette année à sacrifier le mouton de l’Aid, sur l’autel du désespoir.
Certains disent avec plein d’ironie, qu’à défaut de sacrifier un mouton en entier, ils l’achèteraient en « pièces détachées ».
Mais là aussi l’achat ne sera pas aussi facile, car un gigot d’agneau, du foie, des rognons blancs et un bouzoulouf (tête du mouton) peuvent couter 21 000 dinars.
Plus de deux fois moins que le prix d’un mouton, vendu au minimum 50 000 dinars et jusqu’à 120 000 dinars dans la plupart des points de vente de la capitale et de sa périphérie. Soit jusqu’à six fois le salaire minimum garanti.
Reste une dernière alternative, passer un Aid sans mouton, et très peu de viande, et boycotter les éleveurs.
Mais c’est un sacrifice, que tous les parents ne feront pas, au vu de la déception de leurs enfants.
Par Réda Hadi