30 000 milliards de m³ de réserve d’eau: Une richesse vitale à préserver
L’Algérie, un pays à faible pluviométrie et confronté à des pressions croissantes sur ses ressources naturelles, est le gardien d’une richesse précieuse : une réserve stratégique estimée à plus de 30 000 milliards de mètres cubes d’eau. Bien que cette réserve soit majeure, elle est menacée par de multiples facteurs environnementaux et humains. Malek Abdeslam, hydrogéologue et expert en gestion des ressources en eau, tire la sonnette d’alarme : cette richesse n’est pas éternelle et doit être protégée avec une vigilance accrue.
Les ressources hydriques algériennes, bien que vastes, sont principalement composées de nappes phréatiques et d’aquifères, notamment ceux du Sahara. Cependant, ces réserves ne sont renouvelables qu’à hauteur de 1 %, ce qui signifie que leur exploitation excessive pourrait entraîner un épuisement irréversible. Lors de son intervention sur la « Chaîne II » de la radio nationale, Malek Abdeslam a indiqué que la surexploitation des nappes pour l’irrigation, combinée à la pollution industrielle et agricole, menace directement leur viabilité à long terme. De plus, le changement climatique exacerbe la situation, réduisant les précipitations et augmentant la fréquence des périodes de sécheresse. Cette pression climatique ajoute un niveau d’urgence à la gestion des ressources en eau, qui doivent être stratégiquement conservées pour les générations futures.
Face à ces menaces, l’Algérie mise sur le dessalement de l’eau de mer comme solution complémentaire. Avec une grande expérience dans ce domaine à l’échelle africaine, le pays continue d’investir dans des infrastructures capables de fournir jusqu’à 300 000 mètres cubes d’eau par jour. Même si ces installations sont énergivores et coûteuses, elles représentent une bouée de sauvetage pour répondre à la demande croissante en eau, notamment dans les zones côtières. Cependant, comme le souligne Malek Abdeslam, ces efforts doivent être complétés par une modernisation des infrastructures existantes. Actuellement, beaucoup d’eau distribuée est perdue en raison de fuites et d’un réseau vieillissant. La modernisation de ces systèmes pourrait significativement réduire ces pertes et optimiser l’utilisation des ressources disponibles.
La question de l’eau est étroitement liée à celle de la sécurité alimentaire. En Algérie, où l’agriculture est un secteur crucial, la raréfaction de l’eau pourrait avoir des conséquences dramatiques. « La sécurité hydrique est indissociable de la sécurité alimentaire », affirme M. Abdeslam, insistant sur la nécessité d’intégrer des technologies modernes d’irrigation et d’adopter des pratiques agricoles durables pour minimiser le gaspillage.
Pour protéger ce trésor hydrique, l’Algérie doit agir sur plusieurs fronts. Cela inclut la sensibilisation de la population à l’importance de l’économie d’eau, le renforcement des partenariats internationaux pour le développement de technologies innovantes, et la formation d’ingénieurs et techniciens spécialisés. Malek Abdeslam souligne que « chaque goutte d’eau économisée aujourd’hui représente une garantie pour demain ».
906 milliards de DA investis en cinq ans
Enfin, une meilleure coordination entre les institutions publiques, les acteurs économiques et les universités est essentielle pour relever les défis. Dans un contexte où les changements climatiques imposent une pression supplémentaire, seule une stratégie globale et inclusive permettra de préserver les 30 000 milliards de mètres cubes d’eau, un bien commun d’une valeur inestimable pour l’Algérie et son avenir. Au cours des cinq dernières années, l’Algérie a investi environ 906 milliards de DA dans le secteur hydraulique, permettant la réalisation de plusieurs projets pour renforcer les infrastructures d’irrigation et de gestion de l’eau. Parmi ces investissements, 188 milliards de DA ont été consacrés au raccordement à distance des stations de dessalement de l’eau de mer, et 70 milliards de DA à la construction de puits. Le ministre des Ressources hydriques, Taha Derbal, a également mentionné des programmes de réhabilitation et de modernisation des usines de traitement des eaux usées, ainsi que l’achèvement de projets d’interconnexion des barrages et de dérivation des eaux dans plusieurs régions. La production d’eau en Algérie dépasse les 3 milliards de m³ par an, avec une contribution de 55 % des eaux souterraines, 25 % des eaux de surface et 20 % de l’eau dessalée. Ces efforts ont permis de surmonter les difficultés d’approvisionnement, notamment dans les wilayas les plus affectées par la baisse des niveaux des barrages. En outre, 98 % de la population est désormais raccordée au réseau d’eau potable. Le président de la République a également abordé le dessalement de l’eau de mer, annonçant la mise en service de cinq nouvelles stations avant le mois de Ramadhan.
Par Mourad A.