Autosuffisance en céréales: Les recommandations du CNIFC
Depuis 2020, l’Algérie a dû relever des défis majeurs en matière de sécurité alimentaire, en particulier dans la filière céréalière, face à des crises mondiales successives. La pandémie de Covid-19 et le conflit en Ukraine ont perturbé l’approvisionnement mondial en céréales, rendant d’autant plus crucial le développement de la production nationale. Dans ce contexte, l’Algérie a entrepris des actions déterminantes pour atteindre l’autosuffisance, a indiqué Abdelghani Benali, secrétaire général du Conseil National Interprofessionnel de la Filière des Céréales (CNIFC), en soulignant le rôle de cette institution dans le développement de la culture des céréales en Algérie.
Lors de son intervention sur la « Chaîne II » de la radio nationale, Abdelghani Benali a détaillé les efforts entrepris pour renforcer la production céréalière en Algérie. Selon lui, le pays exploite actuellement environ 3,2 millions d’hectares dans le nord et près d’un million d’hectares dans le sud, avec un objectif de rendement de 60 quintaux par hectare. «Nous misons sur l’introduction de technologies agricoles modernes et la mécanisation pour augmenter notre rendement et assurer un approvisionnement local solide», a-t-il affirmé. Ces initiatives visent non seulement à renforcer la production nationale, mais également à réduire la dépendance de l’Algérie aux importations, ce qui est crucial dans un contexte de crises globales.
Benali a également mis en lumière les défis climatiques auxquels l’Algérie est confrontée, notamment la sécheresse et la raréfaction des ressources en eau. Il a souligné que «les changements climatiques pèsent lourdement sur notre agriculture, mais nous avons mis en place une stratégie de gestion des risques qui comprend des assurances agricoles». La collaboration avec la Caisse Régionale de Mutualité Agricole (CRMA) permet aux agriculteurs d’obtenir une couverture contre les risques climatiques, assurant ainsi une protection essentielle pour leur revenu. «Les assurances agricoles sont indispensables pour que nos agriculteurs puissent maintenir leur activité en dépit des aléas climatiques», a-t-il ajouté. Abdelghani Benali a également évoqué le rôle du CNIFC, expliquant que ce conseil « coordonne les efforts entre les acteurs du secteur en formulant des recommandations stratégiques, tout en s’assurant que les besoins des agriculteurs soient alignés avec les objectifs nationaux».
Il a précisé que l’État fournit des subventions ciblées pour faciliter l’acquisition de matériel agricole. «Nous subventionnons les équipements d’irrigation de moins de sept ans pour encourager une irrigation moderne et améliorer les rendements», a-t-il déclaré. Cette modernisation est également soutenue par des mesures facilitant l’importation de machines agricoles récentes, ce qui constitue un atout pour la compétitivité du secteur.
Face au problème de la rareté de l’eau, Benali a souligné l’importance des installations de traitement des eaux usées pour l’irrigation. «Le recours aux eaux usées permet de préserver nos réserves d’eau douce tout en répondant à une partie des besoins agricoles», a-t-il précisé. Il a également mis en avant la Banque des Semences, qui conserve aujourd’hui plus de 230 variétés adaptées aux climats arides. «Ces variétés offrent aux agriculteurs des options résilientes, mieux adaptées aux conditions locales», a-t-il expliqué. Concernant le blé algérien, Benali a souligné sa qualité, en particulier celui cultivé dans les wilayas du Sud, et son intérêt grandissant à l’international. «Le blé algérien est robuste, avec une haute teneur en protéines, ce qui le rend très prisé sur les marchés étrangers», a-t-il affirmé. Pour répondre à cette demande, l’Algérie explore non seulement l’autosuffisance en céréales, mais envisage également de devenir exportatrice. Cette démarche vise à «stimuler notre économie et à valoriser nos ressources agricoles», a-t-il ajouté.
Enfin, Benali a souligné l’importance de la recherche et de la formation pour renforcer les compétences des agriculteurs. «Les universités et centres de recherche algériens jouent un rôle majeur dans le développement de variétés résistantes et la formation aux techniques modernes d’agriculture durable» a-t-il déclaré. Selon lui, l’Algérie est résolument engagée dans une approche durable et résiliente pour garantir sa sécurité alimentaire.
Par Mourad A.