Nouvelle dynamique industrielle: La sous-traitance impulse la production nationale
L’économie algérienne semble amorcer une mutation profonde, portée par une dynamique inédite dans le secteur de la sous-traitance et de la production locale. Cette transformation se manifeste par l’élan constaté chez de nombreux opérateurs économiques, qui délaissent progressivement l’importation pour se tourner vers la fabrication nationale. Il s’agit d’une transition stratégique, soutenue par une volonté politique affirmée et encadrée par la Bourse algérienne de la sous-traitance et du partenariat (BSTP).
L’Algérie assiste ainsi à une mobilisation réelle de son tissu industriel local, marquée par l’engagement croissant de plusieurs acteurs économiques désireux de s’intégrer dans les chaînes de production nationales. C’est ce qu’a affirmé Mohamed Demiche, vice-directeur de la BSTP, lors de son intervention sur la « Chaîne I » de la Radio nationale. Cette dynamique, qui s’est accélérée depuis 2022, s’inscrit dans le cadre d’un nouveau modèle économique prôné par le président de la République, misant résolument sur la diversification de l’économie hors hydrocarbures. Selon M. Demiche, ce modèle repose sur une stratégie industrielle nationale ambitieuse, visant à faire passer la contribution du secteur industriel au PIB entre 13 et 14 %, et à hisser le produit intérieur brut local à 400 milliards de dollars d’ici deux ans. Cette mobilisation industrielle n’est pas fortuite. Elle découle d’une nouvelle approche adoptée par le ministère de l’Industrie, fondée sur des outils scientifiques. « Le nouveau staff ministériel procède à un recensement rigoureux des ressources et des capacités de l’économie nationale. L’objectif est de construire une feuille de route claire et contraignante pour tous les acteurs », a expliqué le responsable. Cette feuille de route repose sur une logique progressive : satisfaire d’abord la demande intérieure avant de viser l’exportation. Une gouvernance industrielle avec des objectifs mesurables, a-t-il insisté, constitue la clé de cette transition.
La BSTP table sur une montée en puissance rapide du secteur industriel. Actuellement estimée à environ 15 milliards de dollars, la production industrielle nationale devrait atteindre à court terme 55 milliards de dollars par an, générant ainsi un gain potentiel de 30 à 40 milliards de dollars de valeur ajoutée locale. Pour y parvenir, la Bourse intensifie ses efforts de mise en relation des industriels : « Nous avons entrepris de faire connaître aux fabricants et entrepreneurs la réalité du tissu industriel national dans toutes les wilayas. L’objectif est de créer des synergies, de guider les investisseurs et de leur fournir les données nécessaires pour assurer une production conforme aux normes », a-t-il précisé.Le vice-directeur a également mis en avant plusieurs secteurs jugés particulièrement prometteurs pour l’économie nationale. Il a notamment cité les mines, les énergies renouvelables, la production de pièces de rechange ainsi que l’industrie automobile, estimant qu’ils présentent une forte valeur ajoutée et un potentiel de développement rapide. « Ces secteurs sont en mesure de générer un impact économique direct, ce qui leur vaut d’être placés au cœur de la politique industrielle nationale », a-t-il souligné.
Un autre axe stratégique majeur concerne l’industrie électronique, récemment illustrée par la production de la première puce électronique algérienne. Pour M. Demiche, cette avancée « symbolise l’ambition de souveraineté technologique de l’Algérie dans un contexte mondial dominé par la compétition sur le numérique et les systèmes intelligents ». Il a par ailleurs rappelé que l’Algérie dispose d’un potentiel humain conséquent pour accompagner cette transformation : près de 250 000 diplômés d’université et autant issus de la formation professionnelle chaque année, sans oublier une base industrielle héritée des années 1980, qu’il s’agit aujourd’hui de réhabiliter et de moderniser.
Par M A.