5G, fibre optique, téléphonie mobile et internet: Les grands chantiers du ministère des Télécommunications
Dans un contexte national marqué par une profonde mutation numérique, le ministre de la Poste et des Télécommunications, Sid Ali Zerrouki, a présenté les grands chantiers en cours dans le secteur des technologies de l’information et de la communication, lors du forum d’El Moudjahid consacré à la transformation digitale. Sa vision repose sur trois piliers majeurs : l’équité territoriale, la rationalité technologique et la souveraineté numérique.
L’un des axes majeurs concerne l’expansion de la fibre optique. Avec plus de 265 000 km déjà déployés à travers le territoire, l’Algérie s’approche symboliquement de la distance Terre-Lune, estimée à environ 300 000 km. Une comparaison forte utilisée par le ministre pour illustrer l’ampleur des efforts engagés : « C’est un chiffre qui parle à tout le monde. C’est la preuve que l’État agit concrètement, même dans les zones les plus reculées ». À Tamanrasset, par exemple, un village de moins de 500 habitants a été raccordé à la fibre dans le cadre du service universel, confirmant la volonté de désenclaver numériquement toutes les régions, sans exception. L’objectif affiché est ambitieux : atteindre une couverture totale du territoire d’ici à 2025. Toutefois, sur les 4,3 millions de lignes déployées, seules 2 millions sont actuellement actives. Le ministre a attribué ce décalage à une certaine résistance au changement, mais aussi à un manque de main-d’œuvre qualifiée. « Installer la fibre, ce n’est pas tirer du cuivre. C’est un métier de précision, qui prend du temps et demande de la formation », a-t-il expliqué.
Sur le plan de la téléphonie mobile, l’Algérie enregistre aujourd’hui un des taux de pénétration les plus élevés du continent, avec 52 millions d’abonnés pour 48 millions d’habitants. Une performance rendue possible grâce à une politique tarifaire volontairement accessible. « Le coût moyen est passé de 40 dollars en 2003 à 2 dollars aujourd’hui. C’est une démocratisation massive de l’accès au mobile », a rappelé Sid Ali Zerrouki. Cependant, il reste des défis à relever : environ 15 % des abonnés utilisent encore des cartes SIM 3G, ce qui limite leur accès aux services de dernière génération. Le ministre a insisté sur l’importance de renouveler les équipements et de sensibiliser les usagers à ces évolutions nécessaires.
Concernant le lancement de la 5G, il a tenu à rassurer : l’Algérie n’est pas en retard, mais avance avec prudence. Le pays a choisi d’apprendre des erreurs commises ailleurs, où certains se sont précipités sans préparation suffisante. Le cahier des charges sera finalisé dans les deux semaines à venir, avec un déploiement prévu pour le second semestre 2025. La 5G, a-t-il précisé, ne sera pas introduite pour un simple confort de navigation sur les réseaux sociaux. « Ce n’est pas pour scroller sur TikTok. C’est une technologie conçue pour des usages critiques comme la chirurgie à distance, l’industrie ou la recherche », a-t-il souligné, évoquant le cas concret d’un chirurgien opérant à distance qui avait exprimé le besoin d’une meilleure connectivité. « Nous avons agi immédiatement ».
Parallèlement, le programme de connexion des zones reculées progresse de façon significative. Ces localités, souvent jugées non rentables par les opérateurs, font pourtant l’objet d’un effort particulier. Sur les 1 400 sites identifiés, 70 % devraient être opérationnels d’ici septembre 2025. Une deuxième phase, visant à ajouter 1 000 nouveaux sites, est déjà en cours d’étude. Le ministre reconnaît les contraintes économiques de cette démarche, notamment pour des villages ne comptant que quelques dizaines d’habitants, mais affirme avec force : « La sécurité ou la vie d’un citoyen peut dépendre d’un simple appel. Nous avons une obligation morale et stratégique de connecter tout le pays ».
Dans cette logique de modernisation maîtrisée, plusieurs chantiers techniques sont également en cours, notamment la libération de la bande 2600 MHz, le refarming des réseaux 2G et 3G, l’optimisation des fréquences existantes, ainsi qu’un plan de vente d’accès à la fibre. « Nous avançons avec méthode. La technologie évolue vite, mais il est de notre responsabilité d’en maîtriser les enjeux sécuritaires, économiques et sociaux », a-t-il conclu.
Par M A.