Arrivée du premier navire chargé de 15 mille tètes de moutons au port d’Alger
Le port d’Alger a accueilli, dans la nuit du 19 au 20 avril, une première cargaison de 15 000 moutons en provenance de Roumanie, dans le cadre des préparatifs de l’Aïd El-Adha. Cette arrivée marque le lancement d’une campagne nationale d’envergure, soigneusement planifiée et mobilisant l’ensemble des ports, ministères et services spécialisés à travers le pays.

L’Algérie met ainsi en œuvre une initiative inédite : l’importation d’un million de moutons destinés à la vente directe aux citoyens. Pilotée sur instruction du Président de la République, cette opération vise à stabiliser les prix du marché et à garantir un accès équitable au sacrifice rituel, dans le strict respect des normes sanitaires.
Cette initiative répond à une instruction directe du Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, dont l’objectif est d’atténuer les tensions sur le marché et de permettre aux citoyens de célébrer l’Aïd dans la dignité. C’est ce qu’a affirmé Abdelhamid Boualaâm, Directeur général de l’Entreprise portuaire d’Alger (EPAL), lors d’une intervention sur la chaîne de télévision privée « Echourouk News ».La première cargaison, composée de 15 000 têtes en provenance de Roumanie, est arrivée à Alger dans la nuit du 19 au 20 avril, à bord du navire « APUS ». Selon le DG du port, l’opération a été minutieusement préparée : « Toutes les structures du port ont été mobilisées en coordination avec les services des douanes, de la santé animale, de l’agriculture et du commerce. Les animaux sont arrivés en excellent état et aucun cas de mortalité n’a été enregistré durant le transport maritime, ce qui est exceptionnel pour ce type d’acheminement ». D’autres livraisons sont prévues dans la deuxième quinzaine d’avril, avec des cargaisons de 12 000, 18 000 et jusqu’à 35 000 têtes attendues uniquement au port d’Alger.
Neuf ports mobilisés
De son côté, le secrétaire général du ministère des Transports, Djamel Eddine Abdelghani Dridi, a confirmé que trois autres navires accosteront à Alger avant la fin du mois. Par la suite, d’autres ports, dont Oran, Jijel, Skikda et Annaba, seront également mobilisés. « Au total, le port d’Alger devrait accueillir entre 60 000 et 70 000 ovins en l’espace de dix jours. L’ensemble de l’opération se déroulera durant les mois d’avril et mai », a-t-il déclaré.
Neuf ports à travers le territoire participent à cette vaste opération : Annaba, Skikda, Jijel, Béjaïa, Ténès, Mostaganem, Oran, Ghazaouet et, bien entendu, Alger, qui concentre « la part du lion », comme l’a souligné Boualaâm. « Le ministère des Transports, par la voix du ministre Said Sayoud, nous a donné des instructions strictes pour assurer la fluidité du déchargement, le respect des normes sanitaires et la rapidité de la distribution vers les points de vente », a-t-il ajouté. Parallèlement, le secrétaire général du ministère de l’Agriculture, Hamid Bensaad, a précisé que d’importants moyens logistiques et techniques ont été mobilisés pour garantir le succès de cette opération. « Des sites dédiés au contrôle sanitaire du cheptel ont été aménagés afin de protéger la santé des consommateurs », a-t-il dit. Une troisième phase de l’opération prévoit la répartition des moutons à travers les différentes wilayas du pays. Elle sera encadrée localement par les walis et suivie par des commissions spécialisées, chargées à la fois de la logistique et du volet commercial. Par ailleurs, une série de contrats est en cours de finalisation avec l’Espagne. Ces nouvelles expéditions permettront d’accélérer le rythme des livraisons. « Un trajet depuis l’Espagne dure deux jours, contre six depuis la Roumanie, ce qui offrirait une cadence plus soutenue à l’approche de l’Aïd », a précisé le DG du port d’Alger.
Une opération inédite pour garantir l’Aïd à tous
L’objectif de cette opération est clair : casser la flambée des prix constatée les années précédentes. En 2023, les prix oscillaient entre 60 000 et 140 000 dinars. Cette année, les nouvelles grilles tarifaires, actuellement en attente de validation par le Conseil des ministres, devraient se situer entre 38 000 et 48 000 dinars, selon le poids de l’animal. « Un mouton de 25 kg coûtera entre 35 000 et 38 000 dinars, tandis que les plus gros, autour de 50 kg, ne dépasseront pas les 49 000 dinars. C’est une mesure salutaire pour le pouvoir d’achat des familles », a souligné Boualaâm. Ces prix devraient être officialisés dans un communiqué du gouvernement, attendu au cours du mois d’avril. Les ventes au grand public débuteront le 1er mai dans toutes les wilayas, notamment à Alger, où des points de vente seront installés à Birtouta, Rouiba, ainsi que dans d’autres zones à désigner. Par ailleurs, tous les moutons importés sont soumis à un protocole vétérinaire strict à leur arrivée. En effet, des centres de quarantaine ont été aménagés à Alger, deux à Rouiba, un à Birtouta et un à El Qalâa, pour une durée de trois à cinq jours. « Les analyses vétérinaires sont rassurantes : les animaux importés sont en excellente santé et présentent une morphologie proche des races locales », a affirmé le DG du port d’Alger, écartant ainsi les rumeurs sur une éventuelle mauvaise qualité du cheptel. Enfin, le bon déroulement de cette campagne est assuré par une commission intersectorielle réunissant les ministères de l’Agriculture, de l’Intérieur et des Transports. Cette commission suit l’ensemble de l’opération, depuis l’arrivée des moutons jusqu’à leur mise en vente.
Par Mourad A.