L’Algérie face au défi climatique: Une stratégie ambitieuse pour un avenir durable
En tant que puissance émergente en Afrique, l’Algérie est confrontée à des défis majeurs liés au changement climatique, qui affectent des secteurs stratégiques tels que l’agriculture, l’eau et l’énergie. Les perturbations climatiques, marquées par des épisodes de sécheresse, des inondations et des vagues de chaleur, exercent une pression croissante sur les ressources naturelles et menacent la stabilité économique et sociale du pays.
Engagée dans des accords internationaux tels que l’Accord de Paris, l’Algérie a élaboré une stratégie nationale ambitieuse pour faire face à ces impacts. Le « Plan National Climat » constitue un cadre essentiel de cette réponse, avec 155 actions concrètes visant à atténuer les émissions de gaz à effet de serre et à renforcer la résilience face aux changements climatiques, indique la plateforme spécialisée « Attaqa.net ».
Toutefois, des obstacles importants freinent sa mise en œuvre, notamment un accès limité aux financements internationaux, des efforts de coordination insuffisants entre les institutions et des contraintes structurelles. L’agriculture, qui consomme plus de 60 % des ressources en eau du pays, est l’un des secteurs les plus vulnérables au dérèglement climatique. Les perturbations des cycles de pluie et l’augmentation des températures entraînent une diminution de la productivité agricole, avec des pertes estimées entre 15 % et 25 % d’ici 2030. Ces difficultés pourraient entraîner des pertes économiques oscillant entre 3,2 et 5,4 milliards de dollars. Des cultures stratégiques, telles que les céréales, les pommes de terre et les légumineuses, ainsi que les productions animales, sont particulièrement touchées. Face à ces défis, l’Algérie a intensifié ses efforts en faveur d’une agriculture résiliente, notamment par l’extension des surfaces irriguées, le développement de l’agriculture durable et la préservation des écosystèmes forestiers. Le projet emblématique du « Barrage Vert », réhabilité ces dernières années, constitue un pilier central de cette stratégie, en combinant reforestation et lutte contre la désertification.
L’eau, une ressource déjà rare, est également mise à rude épreuve. Avec une disponibilité annuelle par habitant de seulement 500 m³, bien en dessous du seuil de rareté fixé à 1 000 m³, l’Algérie se trouve confrontée à un stress hydrique exacerbé par le changement climatique. Les sécheresses prolongées, la salinisation des eaux souterraines côtières et la dégradation des infrastructures aggravent cette situation. Pour y faire face, l’Algérie mise sur des solutions innovantes, telles que le dessalement de l’eau de mer, qui représente une part croissante de l’approvisionnement en eau potable, et le traitement des eaux usées pour l’irrigation. L’objectif est d’assurer une gestion durable des ressources en eau et de protéger les populations rurales particulièrement vulnérables à ces pénuries. Le secteur énergétique, moteur de l’économie algérienne, n’est pas épargné par les effets du changement climatique. L’augmentation des températures et la multiplication des événements climatiques extrêmes engendrent une hausse significative de la demande énergétique, notamment en été. Parallèlement, la diminution des ressources en eau douce a réduit la capacité de production hydroélectrique d’environ 30 %, tandis que les coûts d’extraction du pétrole et du gaz continuent de croître. Face à ces contraintes, l’Algérie s’oriente vers une transition énergétique ambitieuse. Avec l’un des potentiels solaires les plus élevés au monde, le pays aspire à produire 15 000 MW d’énergie renouvelable, tout en investissant dans le développement de l’hydrogène vert. Ces initiatives visent à diversifier l’économie énergétique, à réduire la dépendance aux énergies fossiles et à contribuer à la lutte mondiale contre le réchauffement climatique.
L’Algérie affirme son leadership en Afrique dans la lutte contre le changement climatique à travers des initiatives locales et régionales. L’organisation de la Conférence africaine des startups en 2024, axée sur l’intelligence artificielle et la durabilité, témoigne de cette ambition. Ce forum vise à renforcer les partenariats et à mobiliser les compétences pour relever les défis climatiques et économiques du continent.
Par S R.